On parle beaucoup de l’antisémitisme qui se déchaîne sur les réseaux sociaux. Voici deux exemples récents qui ont heureusement alerté les forcesde police.
5 mois de prison pour avoir félicité le Hamas après son attaque terroriste
Dans la vidéo qu’elle a postée le 7 octobre dernier sur TikTok, jour des attaques terroristes du Hamas en Israël, c’est sans ambiguïté que Séverine a craché son venin sur les juifs et le peuple d’Israël. Sur l’image, elle est ainsi vêtue d’une djellaba jaune avec une main de Fatma, et affiche clairement sa position sur le conflit entre Israël et le Hamas : « Le Hamas s’est vengé de ce que les Israéliens ont fait. Qu’est-ce qu’il vous arrive, vous allez où ? Ils vont nous ramener quoi les juifs ? Elle est où la Paslestine, elle a été rayée de la carte ! Vous êtes en train de fuir votre pays comme des migrants. Ça part, ça fuit comme des cafards. Vous allez rester dans votre merde… Bravo les Palestiniens, j’ai hâte de voir la suite. » Six mois auparavant, Séverine était déjà sur ce type de propos : « Il faut exterminer l’État d’Israël au plus vite ! » Suite à multiples signalements sur la plateforme Pharos, ainsi qu’à la procureure de la République de Carcassonne, et après une enquête de la cellule de renseignement des Pyrénées-Orientales, c’est finalement le 12 octobre que les gendarmes vont formellement identifier cette femme âgée de 44 ans. Elle est mère de sept enfants, le dernier étant âgé de 11 ans, et réside à Trèbes avec quatre d’entre eux.
Placée sous contrôle judiciaire depuis le 13 octobre, c’est libre que Séverine est arrivée devant le tribunal, hier après-midi. Native de Nancy, c’est pour « apologie publique d’un acte de terrorisme », ainsi qu’« injure et provocation publique en raison de la race ou de la religion », qu’elle était poursuivie. Devant le tribunal, elle s’est expliquée : « Quand le Hamas a bombardé Israël, j’ai pris mon téléphone portable et je n’ai pas réfléchi. J’ai fait n’importe quoi ! » Et d’indiquer qu’elle est allée sur TikTok « pour faire le buzz et gagner de l’argent, car c’était l’actualité. Mon objectif était 100 000 vues. » Devant le tribunal, Séverine dit « ne pas être particulièrement pro palestinienne, mais contre la politique menée par Israël… Mes mots ont dépassé ma pensée. Je demande pardon ». Ses journées, c’est devant les chaînes infos que Séverine les passe. Elle dont la fille a été sanctionnée après des propos tenus lors d’un hommage rendu à Samuel Paty dans son école. Un de ses fils se serait aussi radicalisé. « Ça interroge sur votre rapport à la religion », fait remarquer la présidente Anne Nappez.
Pour le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, Me Corine Serfati (barreau de Perpignan) a fait part « d’un dossier qui m’horrifie par la gravité des termes utilisés… Dans ce qu’elle dit, il n’y a pas d’insinuation. C’est une antisémite consciente qui ne se cache pas de l’être ». La somme de 5 000 € a été réclamée. Aux intérêts de l’Organisation juive européenne, Mes Cindy Samama et Olivia Chafir (barreau de Paris) ont souligné que « les mots s’ajoutaient aux gestes, dans une vidéo où elle applaudit… On est clairement dans l’apologie du terrorisme ». Et de rappeler que plus de 1 600 actes antisémites ont été perpétrés en France depuis le 7 octobre. « Cette femme véhicule des propos choquants, menaçants et insultants pour la population juive. On voit l’intonation qu’elle prend, elle est énervée. Là, elle essaie de minimiser son comportement ». La somme de 5 000 € sera également demandée. Absent, l’Observatoire juif de France a réclamé 10 000 € de son côté. Pour le ministère public, la substitut du procureur Lisa Kratz a parlé de « la haine en ligne, qui s’est développée sur les réseaux sociaux. L’antisémitisme n’est pas un fléau du passé, mais encore une réalité aujourd’hui… » À l’encontre de Séverine, la peine de dix-huit mois de prison, dont six assortis d’un sursis probatoire renforcé, a ainsi été requise. Avec un aménagement sous la forme d’une détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE).
À la défense, Me Marion Blondeau n’a pas eu la tâche facile, « après le passage de quatre procureurs ». Pour l’avocate carcassonnaise, sa cliente « n’a pas pris le recul sur tout ce qu’elle a pu entendre sur les chaînes infos. Elle est un paradoxe : c’est elle qui a dénoncé la radicalisation de ses enfants… » À l’issue de son délibéré, le tribunal a finalement condamné Séverine à dix mois de prison, dont cinq assortis d’un sursis probatoire pour deux ans. La partie ferme sera exécutée sous la forme d’une DDSE, et elle aura à payer 800 € à chacune des parties civiles.
Un SDF condamné à trois ans d’emprisonnement pour antisémitisme
Trois ans de prison pour un SDF. Peine prononcée ce lundi en comparution immédiate par le tribunal judiciaire d’Alès. L’homme s’est rebellé dans la nuit de mercredi à jeudi dernier dans un centre d’accueil de nuit à Alès. Il avait copieusement insulté les fonctionnaires de police et avait blessé au poignet droit une policière. Il comparaissait également pour apologie du terrorisme.
Il ne se souvient de rien, juste du coup de taser que les policiers lui assènent pour enfin le calmer. « Je rêve de vous égorger comme les juifs dans le kibboutz » et « ça vous vous en souvenez » dit la présidente. « Non » réponse du gaillard qui évoque avoir bu au moins une bouteille de whisky et continué de boire dans l’après-midi. L’apologie du terrorisme ? « Je suis musulman, mais pas pratiquant, je l’ai peut-être dit« . « Ce n’est pas le dossier de l’alcool » s’exclame la procureure, « il est tout à fait conscient des propos« . Et de souligner la récidive pour rébellion, outrages, violence apologie du terrorisme soit quatre ans et maintien en détention.
Alcool, pas alcool et même cela ne justifie rien plaide son conseil, mais le profil du SDF a peut-être pesé lourd 34 condamnations quasi partout en France. À 39 ans, il a été enfermé 10 ans au total. Il faut y ajouter devant le tribunal d’Alès trois ans de plus, voire deux de mieux s’il ne respecte pas les trois ans de suivi socio judiciaire.
Une interpellation qui ne s’est pas passée sans mal. Alors que le SDF s’était introduit dans le centre d’accueil de nuit alésien sans autorisation, la police a été appelée. Torrent d’insultes, lors de son arrestation, dans la voiture des policiers puis aux services des urgences (pour vérifier la compatibilité de son état avec la garde à vue). « Je vais le faire à la Kouachi » entre autres propos et un violent coup de pied à un policier. Maître Jean-François Coral du barreau de Nîmes portait les intérêts civils des quatre policiers.