Les images insoutenables du pogrom dévoilées par Israël

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L’armée israélienne, confrontée au négationnisme, a montré des vidéos de la traque et du massacre des Juifs par les terroristes du Hamas le 7 octobre.

Ce lundi 23 octobre, la presse est convoquée dans une base militaire pour une diffusion ultrasensible. Désemparée par le négationnisme qui règne dans certains médias, Tsahal, l’armée israélienne, s’est résolue à organiser une diffusion à huis clos des images brutes – caméra GoPro de terroristes, vidéos de surveillance, images tournées par des victimes ou des secouristes… –, rassemblées depuis l’attaque lancée le samedi 7 octobre par le Hamas contre les localités israéliennes proches de la bande de Gaza.

Ces preuves matérielles confirment les atrocités, inconcevables, que les terroristes ont commises et que rapportent depuis deux semaines des témoins sous le choc. Elles corroborent les récits qui défient l’entendement. Aucune inexactitude n’est tolérée, comme en a témoigné le débat sans fin sur les bébés décapités – actes barbares désormais prouvés par des images et un rapport de légistes indépendants internationaux, à l’exception du chiffre 40, un temps répété à l’antenne, sans doute une exagération d’un soldat sous le coup de l’émotion.

Mal à l’aise

Les officiers de Tsahal venus présenter ces images sont mal à l’aise. « Nous avons beaucoup hésité avant d’organiser cela, confie d’entrée de jeu le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée. La raison pour laquelle j’ai décidé de le faire, c’est que nous voulons comprendre nous-mêmes pourquoi nous menons cette guerre. »

Tour à tour il écarte les mains en signe de dépit, puis les frotte nerveusement, son malaise allant croissant au fur et à mesure qu’il déroule son plaidoyer, tout aussi brut que ce qui va suivre. Ce n’est qu’une minuscule fraction des téraoctets d’images recueillies. Et ce n’est qu’une première étape. Une version pour casque de réalité virtuelle est en projet. « Nous devons en faire un objet de mémoire collective », dit-il.

Des escadrons de la mort

La salle plonge dans l’obscurité. Durée : quarante-trois minutes et quarante-quatre secondes. Les journalistes ne sont pas autorisés à faire des enregistrements. Il faut s’accrocher. Le cœur s’emballe. « Il n’y aura pas assez de papier dans le monde pour écrire toutes les horreurs qui se sont déroulées ici », nous avait avertis Eli Landau, un ambulancier, effondré sur un banc devant le portail d’un kibboutz, quelques jours auparavant. Du matériau brut diffusé par Tsahal nous ne décrirons sommairement que quelques scènes, sur une centaine, pour beaucoup encore plus horribles que celles rapportées ici.

D’abord, l’incursion et ces dizaines de plans d’escadrons de la mort du Hamas qui prennent en embuscade les véhicules sur les routes du sud d’Israël. Cris de victoire lorsqu’ils mitraillent les conducteurs. Les voitures continuent de rouler alors que conducteur et passagers sont tous morts, couverts de sang.

Ensuite, la traque, rue par rue, dans les localités de la région. Les tueurs discutent nonchalamment en passant de maison en maison, abattant les silhouettes qu’ils repèrent. Dans une maison, aux cris d’« Allahou akbar », un homme s’acharne pour décapiter un corps avec une bêche.

Sans défense

Des caméras de sécurité privées, sans le son. Dans une maison d’un kibboutz, un père en caleçon saisit un de ses fils dans le lit, intime à l’autre de le suivre. Ils s’enfuient dans un abri. Ellipse. Une grenade jetée sur la porte de l’abri explose. Le corps du père tombe dans l’entrée, mort sur le coup. Un homme lourdement armé enjambe un muret, entre dans la cour.

Les deux fils sortent, toujours quasi nus, courent se réfugier à l’intérieur. Couverts de sang, blessés par des éclats, ils sont prostrés. Son de la caméra de sécurité. Ils pleurent de manière déchirante. Les tueurs entrent, semblent rire. « Je veux ma mère, ma mère, crie un des enfants. Je crois que je vais mourir. […] Pourquoi suis-je en vie ? »

Épargnés ? Envoyés pour être emmenés à Gaza ? Pour être abattus ailleurs ? Ils s’enfuient hors de la pièce. Nouvelle ellipse. Porte de l’abri, cadavre du père. Arrivée d’hommes armés, des Israéliens, accompagnés d’une femme. C’est la mère, elle s’effondre à la vue du corps. Interrogée après la séance, l’armée s’est refusée à dire si les deux enfants étaient morts ou vivants.

« Tue, tue, tue ! »

Dans un autre document, on entend un criminel du Hamas appelant ses parents avec le téléphone d’une de ses victimes. Enregistrement. « Je suis à Mefalsim [un kibboutz, NDLR], j’ai tué dix Juifs de mes propres mains, hurle-t-il, triomphant. J’ai leur sang sur les mains. » Son père l’encourage : « Puisse Allah te ramener en paix. […] Tue, tue, tue ! – Sois fier de moi, père. » Sa mère pleure : « Promets-moi de rentrer à la maison. » D’après le commandement israélien, plus de 1 000, peut-être 2 000, combattants de Gaza ont mené l’attaque du 7 octobre. Tsahal en a tué plusieurs centaines, mais beaucoup sont rentrés à leurs bases, leurs véhicules chargés d’otages.

Le cauchemar continue. Dans des bureaux, les commandos dénichent des victimes terrifiées sous les tables. Ils discutent du sort à leur réserver, les laissant les implorer. Avant d’en abattre une d’une rafale. C’est surtout le festival musical Tribe of Nova, à Re’im, où le Hamas a assassiné 260 personnes, qui est de loin le théâtre de la pire des barbaries.

Comme de la viande

La soirée commence comme un rêve. Des milliers de jeunes dansent de manière insouciante. Les vidéos des festivaliers s’enfuyant en courant étaient connues. Pas celles où ils courent entre les voitures abandonnées, poursuivis par des chasseurs qui viennent les achever au sol.

Un demi-corps, coupé en deux par une explosion, finit de se consumer. Des dizaines de participants échouent dans des bennes et des abris, pour se mettre à couvert. Certains ont perdu des membres, tous sont couverts de sang et de suie. Les fanatiques finissent par les trouver. Ceux qu’ils n’ont pas tués sont entassés à l’arrière de pick-up, comme de la viande.

Acharnement

Les vidéos ont complété le tableau. Comme deux pièces d’un sumbolon, un objet coupé en deux qu’il faut réunir pour en comprendre le sens. Au kibboutz Kfar Aza, où nous nous sommes rendus, le temps a été figé vers 6 h 30, le 7 octobre. Il y a des pièces toujours allumées, des tables de petit déjeuner mises, abandonnées soudain. L’acharnement est méticuleux.

Beaucoup de voitures sont incendiées, comme des maisons, d’autres véhicules sont étrangement réduits à une sculpture de ferraille tordue ou éventrée d’un côté – on a sans doute tiré dessus à la roquette antichar. Un petit quartier d’abris est plus systématiquement endommagé.

Apocalypse

« Là, vous voyez, ils ont ouvert une brèche à l’arrière de ces deux abris à l’explosif parce qu’ils n’arrivaient pas à entrer, pointe du doigt le major Liad Diamond, un officier du porte-parolat de l’armée, un costaud que plus rien ne semble pouvoir atteindre. Je suis arrivé le samedi soir pour combattre. Il nous a fallu plus d’une journée pour libérer le kibboutz. Je connais Kfar Aza, j’avais une amie ici. J’ai appris le lundi après l’attaque qu’elle était morte. »

On « entre » dans un autre abri au seuil plus ensanglanté que les autres. Odeur de mort, vision d’apocalypse, impacts d’éclats du sol au plafond. Au milieu d’un bazar de meubles renversés et de tissus maculés, une épaisse mare de sang n’a toujours pas séché, dix jours après. Le corps vient visiblement d’être enlevé, peut-être celui d’un terroriste, les derniers à être emportés.

Sacs

Autre kibboutz, Be’eri. 108 morts sur 1 100 résidents. Là, tout un quartier de belles maisons est détruit, certaines demeures sont en partie effondrées. À l’entrée, l’ambulancier Eli Landau, membre de l’organisation orthodoxe Zaka, qui ramasse les corps, fume, le regard vide, après près de deux semaines de travail harassant. Il a vu défiler, de ses propres yeux, les corps de femmes, d’enfants, de civils, mitraillés, torturés, brûlés, décapités, violés… avant de les emballer dans des sacs mortuaires.

Son père, Yossi, est un des chefs du groupe d’ambulanciers. Il se livre, enrage contre les « animaux » qui ont fait ça, se reprend, dit : « Même des animaux ne feraient pas ça. Ces monstres viennent d’un autre monde. » En trois jours, il est le troisième témoin direct – après un autre secouriste de Zaka et le chef du rabbinat militaire qui gère la morgue géante où l’on doit identifier les restes des victimes – qui évoque devant nous spontanément le cas d’une femme enceinte éventrée, dans ce kibboutz de Be’eri. D’après l’armée, une vidéo existerait, mais elle n’a pas pu être consultée par Le Point.

Peluche

Une ambulance arrive. Plus de dix jours après le massacre, on vient de retrouver deux corps calcinés dans des décombres, des civils : une femme, et son enfant d’environ 7 ans. Les hommes de Zaka s’y mettent à six pour transférer les corps d’une ambulance à l’autre. Une peluche accompagne l’un des sacs mortuaires. Des chars de Tsahal manœuvrent et stationnent autour pour faire le plein ou être entretenus.

Yuval, un jeune professeur de Tel-Aviv avec un piercing dans le nez, le visage couvert de poussière – il arrive tout juste du front –, s’extirpe de son char, s’accroupit. Un ami à terre vient à sa rencontre, lui chuchote : « Ce sont une mère et un enfant qu’on vient de retrouver. » Les deux réservistes, tout juste mobilisés, se serrent la main et s’étreignent longuement dans le soleil couchant.

De notre envoyé spécial en Israël, Jérémy André

Source lepoint

1 Comment

  1. 1948 – 2020 /2023

    Monsieur, Madame,
    Le premier ministre,

    Tu es le moteur et l’âme d’Israël. Un jour, le plus brave d’entre tous les hébreux a sorti son peuple de Mitsraïm pour l’amener, malgré les obstacles quasi-insurmontables, vers ce lieu dont tu as, aujourd’hui, l’énorme responsabilité.
    Sache que tu ne te bats pas en vain ; que tes angoisses sont les nôtres, tes combats, nos combats, et que la réussite dans tout ce que tu entreprendras permettra demain, à nos enfants et petits-enfants, de sourire à la vie dans ce pays unique au Monde, tellement petit, il est vrai, sur la carte géographique mais tout de même le plus grand d’entre tous, sinon, pourquoi serait-il convoité par ses voisins, et par les autres… Ces autres qui font semblant…. Qui font semblant !
    Lorsque nous venons en Israël, c’est avec l’intention sincère de donner, et puis, nous retournons en galout, et nous réalisons qu’une fois de plus, c’est encore nous qui avons reçu.
    Ton combat pour notre survie est trop dur pour un humain, sans son créateur à ses côtés. Toi, tu l’as avec toi, pour nous… Dis-lui d’ouvrir les yeux des juifs de la Galout, et certains d’Eretz… Demande lui de nous faire moins parler, et plus agir, parce qu’Israël a deux solutions, et seulement deux solutions :
    – Se battre pour sa survie, et pour une paix réelle
    – Accepter la mort de sa spécificité, achever en quelque sorte la Shoah par un suicide collectif, en écoutant les conseils de ceux qui, de l’extrême gauche au fascisme camouflé, veulent « Leur » Paix, au Moyen Orient.
    Les ennemis sont de tous bords et arrivent à se confondre lorsque leurs desseins ont pour objectif l’existence de l’état sioniste.
    Puisse la Providence se souvenir de tous les grands hommes depuis Abraham. Puise Israël être porteur du Shalom de notre peuple. Amen !

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