Face au risque de nouvelles attaques, Emma, résidente dans le sud d’Israël, a rapatrié ses trois enfants en France avant de rentrer dans son pays.
Ce jeudi 19 octobre, Emma a pris place à bord du vol Paris-Tel Aviv de la compagnie israélienne El Al, la seule qui, depuis l’attaque du Hamas, continue de desservir l’État hébreu. Pour cette infirmière de 32 ans, ce voyage est un retour vers une terre d’incertitudes. Elle n’a passé que quelques jours en région parisienne. Le temps pour elle de confier ses trois enfants à sa famille : « J’ai attendu qu’ils s’adaptent un peu. On leur a trouvé une école juive. »
Le 7 octobre, quand les terroristes du Hamas ont lancé leur offensive contre Israël, ils n’ont pas réussi à atteindre son village situé près de Beer Sheva dans le sud du pays, à une trentaine de kilomètres de Gaza. Mais trois jours plus tard, le 10 octobre, alors que l’horreur des massacres est connue de tous, elle reçoit une alerte sur son téléphone portable. Pas pour la prévenir d’un tir de roquette, son quotidien, mais d’une infiltration de nouveaux islamistes. « Nous étions dans la maison. J’ai caché mes trois enfants dans un placard avec un couteau. J’ai moi aussi pris un couteau et je suis restée près de la porte. »
« Comme des réfugiés »
S’ils ne sont pas entrés, Emma en est convaincue : le cauchemar n’est pas terminé. « J’ai réalisé que je ne voulais plus que ça se reproduise. J’ai grandi pendant la deuxième intifada, mes parents ne sortaient jamais tous les deux ensemble, pour qu’en cas d’attaque, il y en ait toujours un qui s’en sorte et reste avec nous. Je ne veux plus vivre ainsi. » Dans les heures qui suivent, elle décide donc de faire partir ses enfants d’Israël. Étant franco-israélienne, elle a pu bénéficier d’un des vols mis en place par la France pour évacuer ses ressortissants : « Nous sommes partis avec une valise comme des réfugiés, la communauté nous a aidés à avoir des vêtements », raconte-t-elle.
« Je peux sauver mes enfants et s’ils ne sont pas là, je soulage le système. Il n’y a pas besoin de les protéger. Mais il faut aider les copains, ceux qui sont restés ». Jeudi, en quittant Paris, elle a donc laissé derrière elle ses trois enfants. Mais pourquoi prendre le risque de rentrer ? « Je ne voulais pas laisser mon mari seul. C’est un ancien militaire, l’armée l’a rappelé. Il est réserviste. » « Je peux sauver mes enfants et s’ils ne sont pas là, je soulage le système, poursuit-elle. Il n’y a pas besoin de les protéger. Mais il faut aider les copains, ceux qui sont restés. »
Par Jefferson Desport, envoyé spécial en Israël