La maison royale a bien confirmé que le prince Bernhard von Biesterfeld, né en 1911 et mort en 2004, avait bien détenu une carte de membre du NSDAP, le parti national-socialiste allemand.
De récentes révélations sur le passé nazi du grand-père de l’actuel roi néerlandais Willem-Alexander suscitent des réactions d’indignation aux Pays-Bas, alors que la popularité de la famille royale était déjà en berne.
La maison royale a confirmé jeudi l’existence d’une carte de membre du NSDAP, le parti national-socialiste allemand, attribuée au prince Bernhard, époux de l’ancienne reine Juliana, et datée de 1933.
La veille, l’historien Flip Maarschalkerweert, également ancien directeur des archives de la maison royale, publiait un livre dans lequel il explique avoir découvert cette carte, pendant des travaux d’inventaire des archives privées du prince Bernhard au Palais Soestdijk.
Après des premières révélations similaires sur son adhésion au NSDAP, dans les médias en 1996 et jusqu’à sa mort en 2004 à l’âge de 93 ans, le prince Bernhard a pourtant toujours nié avoir été un jour membre du parti d’Adolf Hitler.
« Je n’ai jamais été un nazi »
« Je peux le déclarer, la main sur la bible : je n’ai jamais été un nazi », avait-il affirmé dans une interview publiée quelques jours après sa mort dans le journal national De Volkskrant, jurant qu’il n’a « jamais payé d’adhésion au parti et jamais eu de carte de membre ».
Né en 1911 à Jena dans l’Empire allemand, Bernhard von Biesterfeld vivait à Berlin à l’époque de son adhésion au parti. « J’ai été surpris par le fait que le prince Bernhard a conservé ce document et qu’il se trouve toujours dans les archives de la maison royale », a confié Rick Evers, journaliste spécialiste de la famille royale.
Mais selon lui, si ces révélations ont pu avoir lieu, c’est aussi parce que le roi Willem-Alexander, lui-même, l’a permis. « Il s’agit d’archives privées et pas d’archives nationales. Il décide de ce que l’on peut en faire », a déclaré Rick Evers. Mais aux Pays-Bas, de nombreuses voix s’élèvent désormais pour en apprendre davantage encore.
La demande d’une enquête rejetée par le Premier ministre
Une partie de la chambre basse du Parlement néerlandais exige du gouvernement le lancement d’une enquête autour du passé nazi du prince Bernhard, demande pour l’instant rejetée par le Premier ministre démissionnaire néerlandais Mark Rutte.
Le CIDI, une organisation juive néerlandaise, demande également la tenue d’une enquête, évoquant « une nouvelle révélation qui ajoute une nouvelle page noire à une partie douloureuse de l’Histoire récente des Pays-Bas ».
« J’imagine bien que la nouvelle a un impact majeur et qu’elle suscite de nombreuses émotions, notamment au sein de la communauté juive », a déclaré jeudi Willem-Alexander devant les caméras de télévision, à son arrivée au Palais du Dam d’Amsterdam.
Dans le centre de La Haye, devant le somptueux Palais Noordeinde, dans lequel travaille le roi Willem-Alexander, des passants partageaient jeudi leurs sentiments sur cette affaire. « Je comprends l’émotion suscitée mais on ne peut rien y changer, c’est du passé », a déclaré Walter Oliemans, retraité de 71 ans. « C’est le fait de l’avoir toujours nié qui est peut-être difficile pour beaucoup de personnes », juge Jolein Oliemans, 41 ans.
Une famille royale en manque de popularité
Sur les réseaux sociaux des grands médias nationaux, certains Néerlandais réagissaient avec colère à ces révélations, laissant des commentaires tels que « vive la République ! » ou encore « quelle belle famille royale ! ».
Les révélations autour du prince Bernhard interviennent alors que la popularité de la famille royale est en berne depuis plusieurs années. Selon un sondage Ipsos publié en septembre par la télévision publique, seuls 38% des Néerlandais ont encore « vraiment confiance » dans le roi, contre près de 80% en 2020. 26% des personnes interrogées souhaitent que les Pays-Bas deviennent une république.
A l’automne 2020, alors que le gouvernement demandait aux Néerlandais d’éviter les voyages en raison de la crise sanitaire du Covid-19, la famille royale a tenté de partir en catimini en vacances en Grèce, suscitant une vague d’indignation à travers le pays.