Reconnue comme une femme politique tenace et un influent pilier de la chambre haute du Congrès aux États-Unis, Dianne Fennstein était critiquée par la gauche du Parti démocrate depuis plusieurs mois après avoir été en proies à des absences cognitives répétées.
La doyenne du Sénat américain Dianne Feinstein, figure historique du Parti démocrate, est morte jeudi à l’âge de 90 ans. « La sénatrice Feinstein est malheureusement décédée la nuit dernière à son domicile de Washington », a annoncé son équipe dans un communiqué vendredi matin.
Première femme maire de San Francisco avant d’être sénatrice de Californie pendant plus de 30 ans, Dianne Feinstein était reconnue comme une femme politique tenace et un influent pilier de la chambre haute du Congrès.
Mais elle était critiquée par la gauche du Parti démocrate depuis plusieurs mois après une enquête journalistique qui avait souligné son déclin cognitif. La sénatrice avait encore voté au Congrès jeudi matin.
Joe Biden salue « une amie »
Elle avait annoncé en février sa retraite politique, faisant savoir qu’elle ne se représenterait pas aux élections de 2024.
Le président américain Joe Biden, qui a travaillé au Sénat à ses côtés, a salué la mémoire d’une « amie ». « J’étais au premières loges pour voir ce que Dianne a pu accomplir », a souligné le dirigeant démocrate, applaudissant ses combats pour la « protection de l’environnement et des libertés individuelles ». Son décès ne remet pas en cause la majorité démocrate au Sénat.
Fervente militante pour le renforcement des lois sur les armes à feu, Dianne Feinstein a notamment fait adopter l’interdiction – pour dix ans – des fusils d’assaut en 1994.
« La sénatrice Dianne Feinstein était une grande militante de la prévention de la violence armée, surmontant les obstacles à tous les niveaux de l’Etat », a applaudi Maxwell Frost, le plus jeune élu du Congrès, lui aussi très investi sur ce dossier.
Autrice d’un célébre rapport d’enquête sur les tortures de la CIA
Au Sénat, où elle a joué un rôle moteur dans l’examen de centaines de lois, elle a réclamé avec le républicain John McCain, la fermeture de la prison de Guantanamo, où 30 personnes restent encore détenues.
L’élue au regard cristallin est surtout l’autrice d’un immense rapport d’enquête sur la torture à la CIA avec 20 conclusions accablantes sur l’inefficacité et la brutalité des interrogatoires de l’agence après le 11-Septembre, qui restera dans les annales.
« C’était une grande serviteur de l’Etat, elle va beaucoup me manquer », a salué le républicain Chuck Grassley, qui a travaillé plus de 30 ans à ses côtés au Congrès, et désormais le nouveau doyen du Sénat, à 90 ans.
Mais c’est dans son Etat d’origine, la Californie, et dans sa ville natale, San Francisco, qu’elle a fait ses premières preuves.
Ancienne maire de San Francisco
Dianne Feinstein a dirigé la ville dans le tumulte qui a suivi les assassinats, en 1978, de Harvey Milk, le premier conseiller municipal de Californie ouvertement gay, et du maire George Moscone par un ancien collègue. « J’ai trouvé Harvey sur le ventre. J’ai essayé de trouver son pouls, et mon doigt s’est enfoncé dans le trou de la balle », racontait-elle au San Francisco Gate en 2008.
A la tête de la ville durant 10 ans, elle est élue « maire la plus efficace du pays » par le City and State Magazine.
Son âge avancé pointé du doigt ces derniers temps
Ces dernières années, l’élue a toutefois grignoté son capital politique à cause de doutes persistants sur sa cohérence, souvent émis par son propre camp. D’anciens assistants parlementaires décrivaient de façon répétée aux médias des épisodes de confusion mentale.
Et les images de l’élue, recroquevillée dans un fauteuil roulant dans les couloirs du Capitole, ont relancé les débats sur le vieillissement de la classe politique américaine.
Le président Joe Biden, qui se représente à 80 ans, est désormais jaugé à chaque déplacement sur son état physique. Son possible rival en 2024, l’ancien président républicain Donald Trump, a lui soufflé ses 77èmes bougies.