Selon nos informations, le tycoon des télécoms a transmis les premiers « teasers » aux fonds et candidats prêts à prendre un ticket minoritaire dans SFR et ses activités dans l’Hexagone.
Les intentions de Patrick Drahi se précisent sur l’avenir de SFR. Trois semaines après avoir brisé le tabou d’une cession partielle d’Altice France , le milliardaire chiffre ses besoins.
Acculé par 60 milliards d’euros de dette , dont un tiers porté par l’opérateur français et ses médias, le tycoon des télécoms est en quête d’environ 3 milliards d’euros, selon nos informations. Un « teaser » détaillant les lignes de l’opération menée par Lazard et BNP Paribas aurait, d’après ces sources, été transmis aux candidats potentiels, en priorité des fonds de private equity. Celle-ci prendrait la forme d’une augmentation de capital. « Il y a une volonté de Patrick Drahi d’instruire les options rapidement et de manière dynamique, c’est la bonne nouvelle », indique une source.
Le camp de Patrick Drahi évite à ce stade de faire preuve de précipitation afin de ménager ses options. D’autres sources font même état d’un montant attendu moindre, de l’ordre de 2 à 3 milliards d’euros.
8 fois l’Ebitda
Selon des sources, l’homme d’affaires espérerait valoriser SFR et ses activités en France environ 30 milliards d’euros, soit environ 8 fois l’Ebitda, et non le multiple classique de référence du marché pour les opérateurs télécoms, de l’ordre de 6 fois. Sur le papier cela laisserait a priori peu de place au capital au nouvel entrant. La référence ? Le rachat de T-Mobile Netherlands par les fonds Apax et Warburg Pincus en 2021.
Depuis cependant, les taux ont fortement monté. Autre interrogation chez les fonds, quelle serait leur place si Patrick Drahi décidait de coinvestir à leur côté pour éviter de se diluer.
« En réalité, du côté de chez Altice, ils seront opportunistes, de la levée de capital à la vente quasi totale ou par morceaux d’Altice France, l’objectif est de maximiser la valeur », indique un connaisseur du secteur. Aujourd’hui, Patrick Drahi ne raisonne plus en industriel des télécoms mais en actionnaire ».
Premier test
« Le pourcentage ouvert à des tiers sera bien plus qu’une petite minorité rapportée à la valeur estimée, insistent des sources proches de la situation. Le périmètre est à géométrie variable et il est aussi évolutif. Beaucoup d’options sont ouvertes ». C’est donc un premier test du marché.
Si Patrick Drahi toutefois passait sous la barre des 50 % d’Altice France, ce qui équivaudrait à un changement de contrôle, cela pourrait déclencher une renégociation avec ses créanciers des 23 milliards d’euros que porte le groupe .
A cette heure en tout cas, rien n’exige de se ruer dans les bras du premier fonds venu. Sa première échéance, de 1,6 milliard d’euros, n’intervient qu’en 2025. Et les suivantes pas avant quatre à cinq ans. Patrick Drahi pourrait se défaire d’autres actifs bien plus vite entre-temps, comme le Portugal, lui permettant de desserrer ses contraintes financières.
Par Anne Drif