Ile mythique d’Ulysse et havre de mixité, Djerba a été inscrite aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial. L’annonce en a été faite par le comité des États membres de l’Unesco, réuni ce lundi à Riadh, en Arabie saoudite.
Alors que nous venons d’apprendre l’inscription de Djerba au patrimoine mondial de l’UNESCO, il peut être utile de se pencher sur la diversité qui caractérise l’île du sud tunisien.
En effet, plusieurs éléments ont enrichi le paysage humain de l’île. À travers les siècles, Djerba est véritablement devenue l’île où la présence de minorités est la plus remarquable en Tunisie.
Si nous parlons de minorités, il serait tout aussi pertinent d’employer le terme de communautés qui s’agrègent au même modèle djerbien.
Ainsi, la première des minorités djerbiennes est constituée par la communauté juive dont l’ancrage historique remonte à l’Antiquité. En effet, les sources anciennes attestent de l’établissement des juifs à Djerba depuis la lointaine époque de la destruction du Temple. Ils sont plus d’un millier à vivre aujourd’hui à Djerba, essentiellement au village de Hara Kebira également nommé Souani. Les juifs de Djerba constituent désormais la première communauté juive tunisienne précédant celle de Zarzis, Sousse et Tunis.
Deux autres communautés minoritaires se concentrent dans le sud de Djerba. Il s’agit des ibadites et des amazigh. Ces derniers continuent à employer la langue berbère et sont qualifiés de berbèrophones. Quant aux ibadites, ils constituent une minorité religieuse musulmane qui possède ses propres mosquées et réseaux de solidarité.
La communauté noire est une autre composante de la mosaïque djerbienne. Avec des racines qu’on situe dans l’ouest du continent africain et aussi plusieurs éléments venus à Djerba à partir de l’axe migratoire qui allait de Kebili à Gabès en passant par l’ancien centre caravanier d’El Mdou. Des villages comme par exemple Arkou concentrent une importante population noire qui est parfaitement intégrée et dynamique.
Deux communautés chrétiennes vivent à Djerba et rayonnent autour de leurs lieux de culte respectifs. Il s’agit des catholiques dont l’église Saint Joseph a été reconsacrée après avoir longtemps gardé ses portes closes. De même, une église grecque orthodoxe est toujours ouverte à Djerba et se souvient de la présence d’une communauté de pêcheurs grecs établis en l’île. Pour rappel, une importante communauté maltaise a également longtemps vécu à Djerba comme l’attestent plusieurs fondouks disséminés au centre de Houmt Souk.
Enfin, on peut parler d’une septième minorité représentée par les nombreux européens qui ont choisi de vivre en permanence à Djerba. Français, Italiens ou Allemands, ils ont adopté l’île et ont été adoptés par elle. Cette dernière communauté est fort dynamique et souligne la vocation de creuset de Djerba.
Notons enfin que Djerba est le neuvième site tunisien à être inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Se félicitant de cette inscription, le Ministère des Affaires culturelles a souligné que sept zones et vingt-quatre monuments de l’île étaient concernés par ce classement.
Hatem Bourial