Un taxi des airs, sans passager à son bord, a volé au-dessus de Jérusalem mercredi dans le cadre d’un programme d’expérimentation de vols de drones pensé en partie pour décongestionner la circulation très dense du réseau routier israélien.
Fabriqué par une société chinoise, l’appareil, un simple cockpit blanc supporté par huit bras noirs dotés d’hélices, a décollé de l’héliport de l’hôpital Hadassah, dans l’ouest de la Ville sainte, pour un vol de démonstration de quelques minutes, les deux sièges de passagers étant restés vides. Selon les organisateurs de l’événement, parmi lesquels le ministère des Transports et des opérateurs de drones privés, ce véhicule, qui ne fonctionne qu’à l’électricité, serait autonome sur 35 kilomètres.
Israël a été parmi les nations pionnières dans le développement des drones, d’abord à usage militaire, et l’armée a largement recours à ces appareils pour surveiller la Cisjordanie occupée, et la bande de Gaza, voire certains de ses voisins arabes.
20.000 vols expérimentaux d’aéronefs sans pilote
Depuis près de trois ans, l’Initiative nationale israélienne pour les drones (INDI) a réalisé plus de 20.000 vols expérimentaux d’aéronefs sans pilote de différentes tailles et se targue d’être une référence internationale en la matière. «Notre objectif est de créer un nouvel écosystème dédié aux drones», explique Daniella Partem, une des responsables de l’Autorité israélienne de l’innovation.
Un ensemble de partenaires publics et privés soutient ce développement des vols de drones civils dans le pays. Partenariat public-privé, l’INDI prévoit d’investir 60 millions de shekels (près de 15 millions d’euros) dans ce projet pour les deux prochaines années. Daniella Partem se félicite des avancées nationales en matière de gestion du trafic aérien des drones à faible altitude.
«Sushis à cinq dollars»
«Cela va permettre à de nombreuses entreprises d’avoir des drones en vol dans la même zone et en même temps et donc d’avoir du transport médical autant que des livraisons de repas au même moment, et c’est cela qui nous permettra d’atteindre un marché économiquement viable», s’enthousiasme-t-elle.
Selon la responsable, le taux d’accidents enregistrés depuis le début des tests est de «moins d’un pour 2000 vols». «La sécurité et l’efficacité» restent les principaux défis à relever, note Libby Bahat, directeur du département des infrastructures aériennes à l’Autorité de l’aviation civile israélienne. «En ce qui concerne la sécurité du transport de passagers pour un véhicule aérien, nous faisons de notre mieux mais nous ne voulons pas travailler seuls», décrit-il, en se disant attentif aux dispositions européennes ou nord-américaines.
«On voit déjà des utilisations de drones par la police, les pompiers, ou à des fins commerciales pour des livraisons, par exemple de médicaments», raconte Alon Abelson, le dirigeant de High Lander, un des opérateurs israéliens de drones. D’après l’INDI, des tests ont été effectués pour transporter des échantillons de prises de sang notamment. Quant au prix, s’il est difficile à estimer, dit Libby Bahat, il reste «cher» pour que les drones soient utilisés dans un avenir proche «pour livrer des barquettes de sushis à cinq dollars.» Des essais de taxis volants sont menés ailleurs dans le monde, notamment en France en amont des Jeux olympiques de 2024.