Des associations israéliennes spécialisées dans le secourisme d’urgence sont parties apporter leur aide, sans l’aval d’Israël ni du royaume chérifien.
Elles se sont envoyées toutes seules. Au moins trois équipes israéliennes sont en train d’opérer sur le sol marocain, sans l’accord officiel de Rabat. C’est même l’une des spécialités de Sauveteurs sans frontières, qui est intervenue pour la première fois à l’étranger en 2005, au Sri Lanka, après le tsunami. « Notre principe est de partir sans attendre autorisations ou permissions, de remplir valises et cartons avec du matériel et d’arriver le plus vite possible. Nous agissons plutôt à court terme qu’à long terme, pour donner les premiers soins. On reste entre cinq et dix jours et on laisse ensuite la place aux grosses structures. Nous formons aussi des équipes de sauveteurs à l’international », explique Arié Levy, le directeur de l’organisation.
Lancée en 2000 en réponse aux attentats de la deuxième Intifada, elle est forte aujourd’hui de 1 600 secouristes en Israël et de 600 dans quatorze autres pays. Au Maroc, une équipe est arrivée dimanche 10 septembre et une autre est en route.
« Tradition d’indépendance »
Si le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a proposé l’aide israélienne dès samedi, en déclarant que « tous les ministères et toutes les forces doivent fournir l’assistance nécessaire au peuple marocain, y compris en prévoyant d’envoyer une délégation humanitaire dans la région », le Maroc n’avait, lundi, pas encore donné suite.
Le royaume chérifien a noué des relations diplomatiques formelles avec Israël pour la première fois en septembre 2020, dans la foulée des accords d’Abraham, deux traités de paix entre l’Etat hébreu, les Emirats arabes unis et Bahreïn. Les deux pays ont cherché très vite à établir des liens solides sur les plans économique et militaire. Rabat a notamment reçu des drones israéliens en juin. Et M. Nétanyahou a reconnu la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental un mois plus tard.
Si en Israël, où est installée une importante communauté juive d’origine marocaine, des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Tel-Aviv pour prier pour le rétablissement des blessés, ce rapprochement est encore contesté au Maroc. Les images des supporteurs marocains s’affichant avec le drapeau palestinien lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar laissent penser qu’une part importante de la population ne soutient pas le rétablissement des relations diplomatiques.
Cela ne retient toutefois pas les organisations humanitaires israéliennes, qui travaillent parfois dans des zones plus hostiles encore. Le philanthrope américano-israélien Mordechai Kahana a notamment opéré en Afghanistan et en Syrie, où il a contribué à l’évacuation de la dernière famille juive d’Alep, déchirée par la guerre civile, en 2015. Ces groupes non gouvernementaux ne sont pas une curiosité dans l’histoire du pays. La première caisse d’assurance-maladie y a été créée en 1911, avant la déclaration d’indépendance de 1948. L’organisation Magen David Adom (« l’étoile rouge de David ») a été fondée en 1930 et est devenue le service d’urgence du pays.
« En Israël, il y a une tradition d’organisations qui travaillent indépendamment de l’Etat. Y compris dans des zones très sensibles. En ce qui concerne le Maroc, l’avantage est d’avoir renoué des relations récemment. Ça peut aider à l’avenir », dit Gil Murciano, directeur de l’institut de relations internationales israélien Mitvim. A ce jour, les Emirats arabes unis, l’Espagne, le Qatar et le Royaume-Uni opèrent avec l’accord officiel de Rabat sur le sol marocain.