La Cour de cassation annule la relaxe accordée à Éric Zemmour, qui grâce à l’habileté de ses avocats avait obtenu l’impunité, alors même qu’il s’était rendu coupable de négation de crimes contre l’humanité.
Zemmour persiste à prétendre que Pétain et son régime ont sauvé les juifs français, ce que démentent les archives de Vichy et celles des Occupants allemands. Zemmour persiste, contre les preuves accumulées par les historiens, contre les témoignages des rescapés … Contre l’histoire dont il est lui-même issu, celle des juifs d’Algérie privés de la nationalité française par l’abrogation du décret Crémieux, et dont plusieurs milliers, installés en métropole, furent arrêtés, déportés et assassinés dans les camps.
Pourquoi cette obstination ? Le lancement de la liste conduite par Marion Maréchal en vue des élections européennes permet de comprendre… Pour mener son parti dans une bataille qui peut lui permettre d’obtenir des élus, la barre étant fixée à 5%, Éric Zemmour choisit d’investir la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, parce qu’elle est fidèle à son sulfureux grand-père et refuse le recentrage de l’ex-Front National.
Contrairement à sa tante Marine, Marion Maréchal assume l’histoire de la mouvance dont Le Pen est issu, celle du parti qu’il fonda avec d’anciens collabos, directement impliqués dans la politique antisémite de Vichy, tel Victor Barthélémy, secrétaire général du parti de Doriot, et plus tard, en 1974, de celui de Le Pen. Victor Barthélémy, qui se vantait dans ses mémoires d’avoir été l’interlocuteur privilégié du SS-Standartenführer Helmut Knochen, Bathélémy qui commandait les cohortes du PPF, chargées par les nazis de surveiller les policiers français lors des rafles, car il y avait quelques états d’âmes chez ces anciens fonctionnaires de la République.
Ce passé du Front National gêne Marine Le Pen, qui mise sur l’amnésie et le renouvellement des générations pour imposer une extrême-droite, propre sur elle, officiellement lavée des ignominies du passé.
Marion Maréchal, elle, assume et persiste à fréquenter les pseudos-historiens antisémites, les penseurs d’une Europe aryenne, d’une France pure, protégée des influences allogènes.
Éric Zemmour, qui n’est pas historien, mais seulement auteur de lourdes compilations des écrivains les plus réactionnaires de deux siècles passés, a délibérément choisi un créneau laissé vacant par l’histoire, celui des nostalgiques d’une France disparue avec la Bastille et la monarchie de droit divin. A l’origine, c’était un créneau médiatique, une place imprenable sur les plateaux de télévision, en même temps qu’un filon éditorial des plus juteux. Répéter, sur des centaines de pages, que la France fout le camp depuis deux siècles, ça fait vendre, coco.
Associé à Marion Maréchal-Le Pen, Éric Zemmour tente, depuis la présidentielle 2022, de s’installer sur ce créneau en politique. Il a, jusqu’à présent échoué, à l’élection présidentielle et aux élections législatives, où aucun de ses candidats n’a été élu, pas même les sortants, transfuges de la droite.
Il persiste, et met Marion Maréchal en avant. L’arrêt de la Cour de cassation ne tombe pas très bien, et, pourtant, il l’utilise en persistant dans sa tentative de réhabilitation de Pétain. Il entend récupérer la droite de l’électorat du RN, rassembler les ultra-conservateurs, qui en ont assez de cette culpabilité de la France, clairement reconnue en 1995 par le président Jacques Chirac.
Il pointe du doigt l’ingratitude des juifs, qui n’ont pas remarqué que Pétain avait protégé les milliers d’enfants français gazés dans les camps, ni les anciens combattants, ni les veuves de guerre, ni les Français du décret Crémieux raflés à Paris, à Marseille et à Nice, et ni les vieilles familles juives de France, comme celle de Simone Jacob, ou celle du grand historien Jules Isaac, dont la fille et le gendre furent assassinés dans les camps.
Sachant qu’il restera toujours quelques juifs assez imbéciles pour voter pour lui et pour le blanchir, Zemmour s’adresse ouvertement à la France pétainiste et antisémite.
Pourtant, il se trouve déjà, au sein d’une droite que l’on croyait honorable, des voix pour appeler à rassembler les forces pour préparer l’élection présidentielle de 2027 et constituer une majorité, à la droite de celle d’aujourd’hui.
Comment peut-on se réclamer du gaullisme, de la démocratie chrétienne ou du libéralisme, et tendre la main à un pétainiste déclaré, au mépris de l’histoire de France comme des lois de la République ?
L’arrêt de la Cour de cassation répond aux blanchisseurs de Zemmour. Non, pour les républicains, fussent-ils de droite, il n’y a pas d’alliance possible de ce côté-là.