Tour de vis. Dina Abi Saab, correspondante de la chaine France 24 à Genève, a refusé de signer la charte déontologique du groupe, ce qui a entraîné son licenciement.
En mars dernier, France 24 avait prononcé un « rappel à l’ordre » à l’encontre de trois journalistes arabophones, Laila Odeh (correspondante à Jérusalem), Dina Abi Saab (correspondante à Genève) et Sharif Bibi, mis en cause pour des messages hostiles à Israël, selon un communiqué d’abord diffusé en interne puis mis en ligne sur le site de la chaîne.
La chaine s’était également séparée d’une journaliste freelance arabophone travaillant pour elle au Liban, Joëlle Maroun, accusée d’avoir publié par le passé des messages antisémites sur les réseaux sociaux : « Levez-vous monsieur Hitler, levez-vous ! Il y a des personnes qui ont besoin d’être brûlées ! » et « Il incombe à chaque Palestinien de tuer un Juif et l’affaire est close. »
« Rappel à l’ordre… »
France 24, qui dépend de France Médias Monde, structure publique chargée de l’audiovisuel extérieur de la France, avait assuré vouloir déposer plainte contre cette journaliste, qui n’était pas une de ses salariés mais était employée par une société de production externe.
Outre leur « rappel à l’ordre », Laila Odeh, Dina Abi Saab et Sharif Bibi ont eu eux à signer la charte éthique de l’entreprise. Cette charte déontologique stipule que les journalistes doivent rejeter « toute incitation au crime, à la violence, à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, à la misogynie, à l’homophobie, à la xénophobie et à toutes les formes de discrimination, d’intolérance et de stigmatisation ».
Or, si Odeh et Bibi ont signé la charte, Abi Saab a refusé, ce qui a entraîné son licenciement, a expliqué Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde, lors d’un examen parlementaire mené par les députés français Meyer Habib et Caroline Yadan le 18 juillet dernier, a rapporté l’ONG américaine CAMERA. Les deux correspondants restants ont aussi suivi un séminaire de formation enseignant « la différence entre journalisme et militantisme » début juin.
Le refus d’Abi Saab de signer le code d’éthique
« Bizarrement, Abi Saab se présente toujours comme une salariée de France 24 sur LinkedIn, Twitter et Facebook. Il est de la responsabilité de France 24 de lui faire retirer ces fausses références d’emploi de ses comptes privés sur les réseaux sociaux », a ajouté l’organisation dans un communiqué, qui s’inquiète toujours de la réintégration des deux autres journalistes.
« Le refus d’Abi Saab de signer le code d’éthique de l’entreprise suggère qu’elle s’en tient à ses publications sur les réseaux sociaux, dans lesquelles elle célèbre des attaques à la roquette contre la population civile israélienne et encourage les crimes de guerre avec le hashtag ‘résistance’. »
Dans ses publications sur les réseaux sociaux, elle faisait aussi l’éloge du terroriste Omar Abu Leila et comparait le bombardement par l’armée israélienne de gratte-ciel vides à Gaza – les occupants ayant été évacués après avoir reçu un préavis de l’armée – aux attentats terroristes du 11 septembre.
Dans l’un de ses messages sur Facebook, Abi Saab dit qu’elle « espère » qu’Israël soit « anéanti ». « Il se peut qu’à l’avenir je doive m’excuser auprès d’Israël, car à partir de maintenant et jusqu’à la mort, son nom restera Palestine de la rivière à la mer, et les noms des villages et des villes resteront palestiniens, et je n’ai pas cessé d’espérer qu’il [Israël] soit anéanti – ce statut [Facebook] est à garder en lieu sûr », avait-elle aussi publié.