Benjamin Netanyahu a annoncé dimanche que de nouvelles lignes de train intérieures pourraient à terme relier Israël au royaume saoudien.
L’annonce a fait mouche. « À l’avenir, nous serons en mesure de transporter des marchandises par voie ferrée d’Eilat à notre Méditerranée, et de relier Israël par train à l’Arabie saoudite et à la péninsule Arabique », a déclaré le Premier ministre israélien dimanche 30 juillet lors d’une allocution télévisée. Alors que les États-Unis multiplient les tractations avec l’Arabie saoudite et pilotent les négociations, le gouvernement israélien semble avoir déjà acté une potentielle normalisation avec la monarchie pétrolière. Le président Isaac Herzog l’appelait encore de ses vœux lors de sa visite au Congrès américain le 19 juillet dernier : « Ce serait un énorme changement dans le cours de l’histoire au Moyen-Orient et dans le monde en général. »
Une impulsion régionale
Déjà en 2021, le projet d’une ligne israélienne financée par les investissements émiratis jusqu’en Arabie saoudite avait été avancé. Au lendemain des accords d’Abraham, le chef du Conseil économique national Avi Shimhon avait annoncé au journal financier israélien Globes l’impulsion d’une voie ferrée allant des Émirats arabes unis jusqu’au port de Haïfa via l’Arabie saoudite et la Jordanie. Parmi les autres mégaprojets financés comptait également la restructuration du port d’Eilat, à hauteur de 10 milliards de dollars d’investissements de la part des EAU. Avec, pour objectif, une intensification des échanges commerciaux entre l’Europe et les pays du Golfe et leur transit par les ports israéliens.
Une route destinée à s’étendre jusqu’en Inde, en vue d’imposer Israël comme le hub commercial de transit entre l’Asie et l’Europe. En juillet 2022, lors de la tournée de Joe Biden au Moyen-Orient, un sommet virtuel avait créé le groupe I2U2 rassemblant l’Inde, les EAU, Israël et les États-Unis, qui avait relayé cette ambition. Ce que d’aucuns appellent le « Middle East-India Food Corridor » avait ainsi été érigé en priorité en vue d’assurer la sécurité alimentaire de la région. L’instauration d’un nouveau corridor terrestre concurrent de la route maritime par le canal de Suez permettrait entre autres à New Delhi d’exporter plus rapidement ses marchandises vers le Vieux Continent.
Un nouvel axe commercial
Pour ce faire, Israël doit néanmoins renforcer son réseau de transports au niveau local. La promesse de Benjamin Netanyahu d’allouer 100 milliards de shekels (27 milliards de dollars) au projet « One Israel » pour l’extension du réseau ferroviaire national est ainsi à lire dans cette perspective. Selon le Premier ministre, la liaison Nord-Sud à grande vitesse devrait être opérationnelle dans les dix ans à venir, reliant Kiryat Shmona, près de la frontière libanaise, au port d’Eilat, dans le golfe de Aqaba sur la mer Rouge.
En outre, le développement d’un nouvel arc commercial via l’extension à terme de ces lignes ferroviaires jusqu’au royaume saoudien représenterait pour les États-Unis un contrepoids géopolitique à l’expansion économique de la Chine dans l’Indo-Pacifique et au Moyen-Orient. Une raison de plus pour Washington de s’activer à concrétiser les perspectives de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite. Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, s’est rendu à Djeddah la semaine dernière, à la rencontre du prince héritier Mohammad ben Salmane, pour « discuter de sujets bilatéraux et régionaux » et promouvoir « un Moyen-Orient plus pacifique, sûr, prospère et stable, connecté avec le reste du monde », selon un communiqué de l’exécutif américain. Vendredi dernier, le président des États-Unis Joe Biden affirmait en outre qu’un accord était en passe d’être conclu avec le royaume saoudien en vue d’une normalisation de ses relations avec Israël.