Une délégation agenaise emmenée par Jean Dionis a passé une semaine dans la ville israélienne dArad. Le maire d’Agen songe désormais à construire un jumelage entre les deux cités.
En partant, le maire d’Agen Jean Dionis l’a assuré à son homologue d’Arad, Nissan Ben Hamo : « Nous bâtirons une relation forte et durable avec Arad. Et nous tiendrons parole ». Il devrait développer sa pensée à l’occasion du conseil municipal de septembre où il donnera un compte rendu détaillé du récent voyage (du 19 au 24 juillet) de la délégation agenaise dans cette ville israélienne située au nord du désert du Néguev. Contacté au téléphone, il dit cependant envisager un jumelage entre les deux cités.
Jean-Marie N’Kollo, conseil municipal en charge des jumelages, Alain Klajman, adjoint au sport, et Pierre Dupont, représentant de l’opposition, Valerie Pitous, directrice de cabinet, et enfin Nicolas Castet, chargé de mission coopérations extérieures de la ville d’Agen, ont accompagné le maire dans ce périple riche en émotions.
« Notre opposition se divisa et notre majorité se lézarda »
La genèse de cette aventure en Terre sainte remonte à un voyage en Allemagne lors du jubilé organisé par Dinslaken, à l’occasion de son 750e anniversaire. Dinslaken est la ville jumelle commune à Agen et Arad. Nos amis allemands en se jumelant avec une ville de l’ennemi héréditaire que fut la France et avec une ville d’Israël, qui a connu la tragédie ultime avec leur patrie, ont clairement voulu mettre ces deux jumelages sous le triple signe du pardon, de la réconciliation et de la paix, écrit Jean Dionis dans son carnet de voyage. Au bout de ce déplacement en Allemagne, il sympathise avec Nissan Ben Hamo. Les deux hommes restent en contact. « Nos lettres d’invitation réciproques se croisent et pour des raisons pratiques, c’est à nous Agenais de faire la première visite ».
Jean Dionis propose au conseil municipal agenais de délibérer sur ce sujet le 26 juillet. Sur son blog, il relate une séance agitée en raison de la résonance française du conflit israélo-palestinien. « Les fractures, les hésitations, ce soir-là, ne suivirent pas les lignes bien balisées du clivage majorité/opposition. Notre opposition se divisa et notre majorité se lézarda. Mais je veux bien croire que finalement le conseil municipal, à une large majorité, nous a autorisés à nous rendre en Israël tout simplement pour comprendre, pour aller vers l’autre. »
Mountain bike dans le désert
Fondée en 1962, Arad compte en 2023 plus de 30 000 habitants de toutes origines : Juifs Sépharades, Juifs Ashkénazes, Beta Israël (Juifs d’Ethiopie) Bédouins, et, précise le premier édile agenais, une petite communauté African Hebrew Israelites, plus communément appelée Hébreux noirs . Il évoque l’urbanisme « extraordinaire » d’Arad, souligne les défis du vivre ensemble « dans une ville où la température monte fréquemment au-delà des 40 °C et où le ciel ne verse que 150 mm d’eau par an, soit environ à peine le quart de ce qui tombe sur notre village d’Agen ».
Il a pu se rendre dans l’une des usines d’Arad, spécialisée dans les jeux de société et produisant notamment le fameux Rummikub, ainsi que dans le centre d’excellence technologique centré sur trois disciplines : la robotique, l’astronomie et les biotechnologies. « Toutes les écoles y vont cinq fois par an suivre une sorte d’éveil scientifique et le Centre, sorte de centre d’activités périscolaires, est ensuite ouvert aux heures périscolaires à celles et ceux qui veulent aller plus loin ». Avec l’enthousiasme d’un guide touristique, il confie également qu’Arad est « une des villes préférées des artistes israéliens pour qui le désert de Judée est clairement une source d’inspiration ».
Enfin, les vélos et les trottinettes n’étant pas interdit sur le sable chaud, il a pu faire du mountain bike dans le désert. La délégation agenaise a découvert aussi la forteresse et surtout Jérusalem. » Le projet est maintenant de construire un jumelage, indique le maire d’Agen. Il faut le construire avec eux sur un an. Pour cela, il est nécessaire de définir des thématiques, une gouvernance. Ce sera un jumelage pour la paix, contre le racisme et l’antisémitisme.
Bertrand Chomeil