Un an et demi après sa mise en examen pour viol, des juges ont placé Ary Abittan sous le statut de témoin assisté. Il avait été mis en examen le 31 octobre 2021.
L’acteur Ary Abittan, mis en examen en novembre 2021 pour viol sur une jeune femme alors âgée de 23 ans, a été placé mercredi sous le statut plus favorable de témoin assisté, qui laisse présager un abandon des charges. Deux juges d’instruction ont répondu favorablement à sa demande d’octroi de ce statut, conformément aux réquisitions du parquet de Paris, a précisé une source judiciaire.
Si ces magistrates ont reconnu le stress post-traumatique « indiscutable » de la plaignante après les faits, elles ont également estimé qu’il ne « ressortait pas de l’information judiciaire d’indices graves ou concordants en faveur d’acte de pénétration sexuelle imposée par violence, contrainte, menace ou surprise », selon des éléments de l’ordonnance dont l’AFP a eu connaissance.
« Je me réjouis de cette décision remettant en cause le tribunal médiatique qui parfois juge et condamne trop rapidement », a déclaré à l’AFP Me Caroline Toby, avocate du comédien et humoriste aujourd’hui âgé de 49 ans, connu pour avoir joué dans la comédie Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?
Me Arash Derambarsh, conseil de la plaignante, n’a pas souhaité s’exprimer « pour préserver le secret de l’instruction ».
La jeune femme, qui fréquentait le comédien depuis deux mois au moment des faits reprochés, l’accuse de lui avoir imposé une sodomie alors qu’ils passaient la soirée chez lui, le 30 octobre 2021. Au cours de l’enquête, elle a décrit l’acteur comme « obsédé » par cette pratique sexuelle, mais précisé qu’il avait, jusqu’alors, toujours accepté son refus. Ce soir-là, elle assure avoir d’abord dit « non pas ce soir », puis « hurlé de douleur » pendant l’acte. Lui a décrit le rapport comme « doux et langoureux ». Elle avait porté plainte dans la nuit même.
Nouveaux éléments
Cette plainte « précise et circonstanciée », déposée « dans les heures qui ont suivi », a contribué à rendre « vraisemblable » que M. Abittan ait pu « commettre les faits de viol », observent les juges. D’autres indices ont pesé dans sa mise en examen : la présence de sang sur la serviette de bain saisie à son domicile ou encore des messages envoyés à des copines de la plaignante, à qui elle disait avoir « besoin de parler » d’un « truc vraiment pas cool qui venait de se passer avec Ary ».
Surtout, elles n’estiment « pas possible de conclure que les lésions traumatiques et saignements » de la plaignante « résultent d’un acte de pénétration sexuelle non consenti » car les deux ont raconté avoir eu un premier rapport consenti, et que les saignements « préexistaient, au moins pour partie, au second rapport litigieux ».
Le refus de la plaignante de donner les coordonnées du « seul partenaire avec lequel elle avait pratiqué la sodomie selon ses déclarations » est également mentionné par les juges. Les magistrates ont aussi expliqué « remettre en question le crédit qui peut être porté » aux déclarations de la plaignante, qui ont « évolué » au cours des investigations. Par ailleurs, elles ont relevé que la jeune femme ne semblait pas exclure « une action involontaire » de la part de M. Abittan, s’appuyant sur sa correspondance avec ses amies.