Deux religieuses, Marie-Thérèse Roux et Jeanne Hertel, ont sauvé une famille juive pendant la guerre. Ces deux Justes ont désormais une plaque à leurs noms, dans le quartier de la Visitation.
« Qui sauve une vie, sauve l’univers tout entier. » Cette citation, inspirée du Talmud, ponctue la plaque fraîchement installée place Prechet dans le quartier de la Visitation. Elle résume parfaitement l’acte héroïque des deux femmes célébrées ce dimanche. Marie-Thérèse Roux et Jeanne Hertel. Deux religieuses. Deux femmes « normales » que rien ne prédisposait à ce type d’action.
« Qui sauve une vie, sauve l’univers tout entier. » Cette citation, inspirée du Talmud, ponctue la plaque fraîchement installée place Prechet dans le quartier de la Visitation. Elle résume parfaitement l’acte héroïque des deux femmes célébrées ce dimanche. Marie-Thérèse Roux et Jeanne Hertel. Deux religieuses. Deux femmes « normales » que rien ne prédisposait à ce type d’action.
À la différence qu’elles, « ont conservé leur liberté intérieure, elles ont eu le courage de ne pas se soumettre et ont continué à penser par elles-mêmes », d’après Boris Cyrulnik. Le neuropsychiatre a été invité à s’exprimer lors du dévoilement de la plaque.
« Elles ne pouvaient pas laisser faire »
Son intervention, emplie d’émotion, a eu une résonance toute particulière, lui qui a également été sauvé de la déportation enfant. « Ces deux chrétiennes militantes se sont mises en danger, mais elles ne pouvaient pas laisser faire », poursuit-il.
Ce que Marie-Thérèse Roux, mère supérieure du couvent de la Visitation et son adjointe Sœur Hertel ne pouvait laisser faire, c’était le sort promis à la famille Samuel. Cette dernière arrive à Toulon en 1940 depuis Paris. Le père et la mère sont accompagnés de leurs deux enfants de 7 et 3 ans ainsi que d’une grand-mère et d’une tante. Le choix de Toulon s’est imposé, d’autant que Monsieur avait déjà ses parents à La Garde.
C’est là-bas que le drame se noue en septembre 1943. Le père et ses parents sont arrêtés par les Allemands. Pour éviter pareil sort au reste de la famille, les deux enfants trouvent refuge chez des voisins, les Teillard. Les trois femmes, elles, sont cachées au couvent de la Visitation par Marie-Thérèse Roux et Jeanne Hertel. Au gré des perquisitions, la famille Samuel passe d’un endroit à l’autre. Les religieuses, faisant appel à leurs contacts, réussissent à leur obtenir de faux papiers et de les exfiltrer vers Montpellier puis la Lozère.
Un devoir de mémoire
Pour leurs actions, les deux Toulonnaises se sont vues décerner le titre de Juste des Nations le 13 novembre 1984.
La plaque installée à Toulon « est un acte mémoriel », assure Serge Cohen, délégué de la région du Comité Français pour Yad Vashem. « Les Justes nous rappellent qu’on peut résister au totalitarisme. » Symbole du devoir de mémoire, cette inscription a été voulue conjointement par les Amitiés Judéo-Chrétiennes de Toulon, le Centre Communautaire israélite de Toulon et du Var ainsi que par la Ville. Josée Massi, la maire, a d’ailleurs tenu à rappeler : « Toulon n’oubliera pas. »
La nécessité d’écouter les témoins, de transmettre leur mémoire
« Face au mal de l’antisémitisme qui ne doit jamais prospérer, par impunité ou par inaction, il faut une mobilisation collective.. La lutte contre les bourreaux passe par un travail d’histoire.. Elle nous rappelle l’impérieuse nécessité d’écouter les derniers témoins, de transmettre leur mémoire… »
Ce dimanche matin, devant le Mémorial de la déportation et de l’internement, commémorant la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux « Justes » de France, Evence Richard, préfet du Var, a lu le message de Patricia Miralles, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la mémoire.
Le capitaine de vaisseau Nicolas Du Chéné, représentant le préfet maritime, le député Yannick Chenevard, Josée Massi, maire de Toulon et de nombreux élus de la ville, du département et de la région participaient à la cérémonie.
A leurs côtés, des membres de la communauté juive de Toulon, le directeur de la Fondation du camp des Milles, Nathalie Fouilleul et le père Christophe Beaublot, émissaire de l’Amitié judéo-chrétienne, les délégués de nombreuses associations patriotiques et des Toulonnais anonymes ont rappelé par leur présence, qu’il ne fallait rien occulter du passé, aussi sombré soit-il. Et qu’il fallait par l’éducation et la connaissance, rejeter l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie.
4.000 justes en France
« La plupart des Justes sont des gens ordinaires. Si ce n’est qu’un grand élan de prise de conscience, de révolte s’est insinué en eux. » C’est ainsi que Serge Cohen, représentant régional du Comité Français pour Yad Vashem, décrit ces héros de la guerre.
Depuis 1963, le titre de « Juste parmi les Nations », la plus haute distinction civile de l’État d’Israël, est décerné à ceux qui ont « porté secours aux Juifs persécutés, de façon individuelle ou collective ».
Une façon de montrer respect et reconnaissance à ceux qui, malgré le danger, se sont engagés. Marie-Thérèse Roux, Jeanne Hertel et la famille Teillard ont reçu cette distinction en 1984.