Le procès de jeunes néonazis, qui s’est tenu jusqu’au 30 juin, a mis en lumière un drôle de paradoxe : la fascination de l’ultra-droite pour les djihadistes dont ils entendent se venger.
Au-delà de ce procès, ces quinze jours d’audiences ont permis de montrer comment une poignée de très jeunes hommes a pu tomber dans la droite radicale et le nazisme : une enfance chaotique, la recherche d’identité, l’entraînement au sein des réseaux sociaux et l’influence de toute une littérature raciste et antisémite. Certains livres, comme Les Carnets de Turner ou Siege, sont de véritables guides pour des passages à l’acte terroriste et s’échangent toujours sur les réseaux sociaux.
Ce procès aura aussi permis d’alerter sur la réalité de la menace de crimes de masse de l’ultradroite en France. Dix attenttats ont été déjoués depuis 2017. à chaque fois, même scénario : plusieurs courants se rejoignent pour envisager une tuerie de masse, que ce soit des néonazis, des suprémacistes blancs, ou encore le courant » accélérationniste , qui prône de semer le chaos, d’appeler à une guerre de civilisation, pour accélérer la mise en place d’un état fasciste. »
White djihad
L’avocat général, lors de son réquisitoire, a rappelé aussi un point important : » Vous êtes face à une sorte de djihad, un djihad nouveau, appelé ‘white djihad’ . Ce djihad d’extrême droite veut en quelque sorte » venger les attentats islamistes, mais pas seulement. Djihadisme et suprémacisme blanc se retrouvent sur certains points : recours à la violence, haine des femmes, antisémitisme et homophobie. L’un et l’autre recherchent une sorte de pureté ethnique. L’un et l’autre se haïssent, mais font aussi l’objet d’une fascination mutuelle.
Au point que l’on a pu voir certains radicalisés passer de l’un à l’autre, comme le soulignait un commissaire de la DGSI interrogé lors du procès. » Dans les méthodes, les suprémacistes admirent les djihadistes et s’en inspirent » , souligne l’avocat général. Alexandre G., qui expliquait s’être » autoradicalisé » depuis les attentats du Bataclan, reprenait lui-même l’iconographie djihadiste sur ses photos. Et quand il écrivait qu’il voulait s’en prendre au Parlement européen, il ajoutait : » Si ce n’est pas nous qui les tuons, les croisés de la charia le feront à notre place. »
*Le prénom a été changé.
Laure Daussy