Un exposition organisée par Robert Combas, ami de Jean Attali, est à découvrir jusqu’au 12 août à la Pop Galerie, 16, quai du Pavois d’Or, Sète.
À première vue, à brûle-pourpoint donc, l’exposition, mi-figurative, mi-abstraite, interpelle, saisit, émeut. La femme, le sexe, y tiennent une large place. Des zones d’ombre s’y incrustent néanmoins. Liées à la mort, et sans doute aussi à la Shoah.
Depuis le 23 juin et jusqu’au 12 août, une cinquantaine de tableaux ornent les cimaises de la Pop Galerie de Pascal Saumade. Leur auteur : Jean Attali (1937-2023). Prolifique artiste libertaire, juif marocain, décédé donc voici six mois alors que cette sorte de rétrospective (les plus anciennes toiles datent du début des années 1990) avait été entreprise voici deux ans, à l’initiative d’un certain… Robert Combas. Que l’on rencontre donc, le jour du vernissage.\
Libertaire
« Pour qu’il s’engage dans un tel projet, c’est rare ! », murmure Hervé Di Rosa, qui, arrivant de Lisbonne via Roissy, se pointe par surprise. Une belle partie du gratin de la scène picturale locale est également présente, histoire de découvrir aussi comment et pourquoi Robert Combas a ainsi endossé ce rôle qui ne lui est pas coutumier de concepteur d’exposition. En hommage à celui dont il était ami depuis belle lurette.
Né à Casablanca, arrivé à Paris en 1956, Jean Attali avait ensuite effectué son service militaire en Algérie avant de revenir dans la capitale pour y suivre des cours en élève libre à l’école des beaux-arts. Il fut également danseur-animateur dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. Pratiquant la gravure à partir de 1963,puis la sculpture, il fut membre fondateur de la Biennale internationale de l’estampe. Dans les années 1970, il milite pour la défense des droits des artistes au sein du Front des artistes plasticiens, protestant contre un art officiel qui serait sous tutelle. Au 18, rue Saint-Antoine, son atelier deviendra un lieu underground de performances, rencontres… Jean Attali fut aussi militant féministe. Et grand amateur de jazz et de musique classique.
« Peinture peinture »
« Nous nous sommes rencontrés en 1989 à Paris, raconte Robert Combas. On traînait dans les squats, dans les milieux d’artistes, musiciens… On a aussi monté des expos ensemble. Jean était un bon vivant, hâbleur… Il avait aussi un côté fleur bleue. Sa peinture est très savante, c’est de la « peinture peinture », avec ce beau mariage de mats et de brillants. »
Arrivent Joachim, le fils de Jean, et son demi-frère Erwann, qui habitent Machecoul, près de Nantes, là où leur père s’était retiré. Robert Combas s’y est rendu pour sélectionner les oeuvres composant l’exposition, concoctée avec le concours de Guillaume Imbert et Anne-Sophie Jessel, qui furent voisins et grands amis de Jean Attali. Une vidéo en témoigne. « C’est un bel hommage, atteste Joachim, disquaire ambulant de vinyles. Mon père était un gros travailleur, suractif. Son oeuvre ne pouvait pas rester dans un grenier. Il tenait à ce qu’elle vive ».
Hervé Di Rosa « épaté »
« Je suis assez épaté, confiait Hervé Di Rosa le soir du vernissage. Attali avait une écriture spécifique, avec des couleurs très dynamiques. Il s’en dégage une grande puissance ». Dont acte. On songe parfois à Basquiat ou à Bacon en parcourant cette exposition, appelée à voyager. Tant mieux.
A découvrir jusqu’au 12 août à la Pop Galerie, 16, quai du Pavois-d’Or. Ouvert du mercredi au samedi, de 14 h 30 à 20 h. – 06 16 45 16 18.