Cherchant à résoudre une énigme familiale, le dessinateur israélien Asaf Hanuka, croise à merveille plusieurs récits.
Né en Israël de parents juif·ves irakien·nes, Asaf Hanuka regarde le monde avec pas mal d’humour noir, ce qui était évident à la lecture des pages autobiographiques de K.O. à Tel Aviv (Steinkis, 2012-2016). Ça l’est moins avec Le Juif arabe, où il se montre plus sobre. Après avoir conté la vie d’un autre – le journaliste et auteur Roberto Saviano, cible de la Mafia, dans Je suis toujours vivant (Steinkis, 2022) –, il se met à nouveau en scène dans ce roman graphique introspectif et familial. Pour cela, il remonte deux fois le temps.
D’abord, il réalise un saut de vingt ans pour se dépeindre en 2001, quand, après avoir étudié le dessin à l’École Émile Cohl à Lyon, un peu paumé et manquant de certitudes quant à son avenir, il retrouve ses parents en Israël. De manière simultanée, il escalade les branches les plus obscures de son arbre généalogique afin de faire revivre son arrière-grand-père, Abraham, tué selon la légende familiale par un jeune Arabe orphelin, que son aïeul avait pourtant pris sous sa protection.
Double lecture
D’une planche à l’autre, Asaf Hanuka alterne les deux actions, provoquant une instructive double lecture. Avec son graphisme toujours très clair et expressif, il met en valeur la complexité de son héritage. “L’histoire de cet orphelin est comme une métaphore de mon identité conflictuelle”, annonce-t-il.
Le Juif arabe d’Asaf Hanuka (Steinkis), traduit de l’israélien par Rosie Pinhas-Delpuech, 120 p., 20 €. En librairie.