Primé dans plusieurs festivals, “Promenade à Cracovie” revient sur l’enfance du cinéaste rescapé de la Shoah. Le film ne sera visible que dans deux salles françaises.
Le succès de J’accuse, apprécié par 1,5 million de spectateurs et salué par le César 2020 du meilleur réalisateur, avait rouvert un débat jamais clos sur la séparation de l’homme, en l’occurrence Roman Polanski, et de l’artiste. La sortie de Promenade à Cracovie, le 5 juillet prochain, soulève à présent une question subsidiaire : peut-on séparer l’homme du témoin de la Shoah ? Il semblerait que non, s’alarme Michèle Halberstadt, patronne d’ARP France et distributrice de ce documentaire polonais cosigné par Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer dans lequel le réalisateur du Pianiste, dont la mère périt assassinée à Auschwitz, revient sur les lieux de son enfance, au cœur du ghetto. Le film, qui l’invite à converser avec son ami le photographe Ryszard Horowitz, lui-même déporté puis sauvé par Oskar Schindler, ne sera en effet visible que dans deux salles françaises, l’une à Paris, l’autre à Rouen.
Une programmation ultra confidentielle qui serait, selon Michèle Halberstadt, directement liée aux accusations de violences sexuelles pesant sur le cinéaste. « Je n’espérais pas nécessairement une combinaison de salles plus importante, confie-t-elle, et je m’attendais à ce que soit compliqué. Ce qui me choque, c’est que des exploitants, des circuits comme des indépendants, aient refusé par principe de voir le film. Lâchement, ils prédisent que leur clientèle n’en voudra pas. Or Promenade à Cracovie est très émouvant, il a eu un prix du public à Rome, un autre en Pologne… J’ai aussi eu des retours de plusieurs journalistes l’ayant vu et aimé qui m’ont dit finalement que leur rédaction en chef préférait ne pas en parler. C’est tellement radioactif que les gens ne veulent pas savoir ce qu’il y a dedans. Ce que je constate, c’est d’abord un refus de voir le film. Il y a plein d’exploitants qui nous disent “C’est Polanski on ne veut pas le voir”»
Seuls… 2 exploitants en France (à Paris et Rouen) ont accepté de programmer le 5 juillet «Promenade à Cracovie», documentaire où Roman Polanski y raconte comment il a survécu à la Shoah
Les autres exploitants refusent de le voir et les journalistes d’en parler #antisemitisme pic.twitter.com/OttalmBODo— Destination Ciné (@destinationcine) June 22, 2023
Le film n’ a été programmé que dans deux salles en France, à Paris et à Rouen (Seine-Maritime). Il sera visible à l’Omnia à partir du 5 juillet 2023. Le directeur du cinéma rouennais a programmé ce documentaire dans lequel Roman Polanski et Ryszard Horowitz racontent le ghetto juif de Cracovie pendant la Seconde Guerre mondiale explique cette programmation. « On a décidé de sortir le film pour le film, indique-t-il. C’est un documentaire historique qui revient sur une période douloureuse. Roman Polanski n’est là qu’en tant que témoin. » Hervé Aguillard ajoute que « c’est au public de décider » s’il faut aller voir le film : « Je n’ai pas d’esprit partisan, on fait notre travail d’exploitant, on n’a pas à prendre de décision. »
Dimanche soir 26 juin, en tout cas, France 2 diffusera J’accuse, la fiction de Polanski sur l’affaire Dreyfus. Produit par l’Italie, The Palace, son prochain long métrage, avec Mickey Rourke et Fanny Ardant, a, paraît-il, des chances d’être sélectionné à la Mostra de Venise et sortira fin septembre dans les salles transalpines. Pour le moment, il n’a toujours pas de distributeur en France.
S’il faut aller à PARIS pour voir ce film, je ferai le déplacement. Je trouve stupides et hypocrites les gens qui jugent Polanski pour des accusations haineuses et infondées. Ils relaient des informations fausses et partiales nées d’une justice américaine pervertie et nauséabonde. J’admire Roman de rester actif malgré la bêtise de certains et d’avoir fait un film comme celui-ci. Les diffuseurs qui ont refusé de diffuser son film ne nous verront plus dans leurs salles.