Le sociologue et écrivain Charles Rojzman était invité par l’association Culture et Judaïsme d’Occitanie à s’exprimer sur le conflit israélo-palestinien, salle des Consuls du Palais des Archevêques.
Pourquoi parle-t-on systématiquement du conflit aux juifs de France ?
Les Français de religion juive ont un attachement particulier avec Israël depuis la 2e Guerre mondiale. Il en est de même pour les musulmans, car la France est le pays où il y a le plus de juifs en Europe et le plus de musulmans. Aujourd’hui, il y a forcément des répercussions.
Comment envisager la paix lorsque le Hamas inscrit dans sa charte la destruction de l’Etat d’Israël ?
Pour le moment c’est inenvisageable. La situation s’est aggravée en raison du poids des religieux des deux côtés. Du point de vue démographique, les religieux prennent une place de plus en plus grande et le conflit est très fortement teinté par la religion et par l’exclusion de l’autre. Chacun pense qu’il est le détenteur légitime de cette terre sacrée : les juifs religieux pensent que c’est leur patrie donnée par Dieu à travers ses prophètes. De la même façon pour les musulmans, c’est une terre d’Islam où les juifs n’ont pas le droit d’avoir un Etat souverain.
La querelle historique du Mont du Temple n’est-elle pas un obstacle majeur à la résolution du conflit ?
C’est une très vieille histoire. Dès les années 30 le grand mufti de Jérusalem El Husseini voulait mobiliser les masses musulmanes en leur disant que les juifs voulaient détruire la mosquée Al-Aqsa pour y construire leur temple. Or pendant la guerre des six jours, Moshe Dayan a même confié le Mont du Temple à une autorité religieuse musulmane…
Les Palestiniens sont-ils prêts à un compromis ?
Je pense que le compromis rationnellement n’est pas possible. Les réfugiés de 48 sont une poignée. Il suffirait qu’il y ait un renoncement sur le retour sur les terres israéliennes et l’acceptation par les Palestiniens d’une légitimité d’un droit aux juifs d’avoir un État souverain. Pour eux, l’état juif est inacceptable sur une terre d’Islam ; pour eux, le judaïsme est une religion et ils ne voient pas que pour une grande partie des juifs c’est une nationalité : c’est la raison principale du conflit.
Quelle serait la solution ?
Elle passe par un Etat palestinien sans le Hamas et le Hezbollah, sans les gens qui veulent créer un Etat à la place d’Israël sur la totalité de la Palestine, par des garanties de sécurité pour Israël, par un développeur économique en commun, par un Etat palestinien qui comprendrait Gaza, la Cisjordanie et probablement la Jordanie. Cela implique : aucun retour sur Israël et un Etat palestinien viable, des échanges de territoires entre quelques implantations juives importantes et un échange avec des territoires du Neguev et de Galilée où vivent beaucoup d’Arabes.
Le fond du problème, c’est l’acceptation ?
Oui, il y a un refus. Persister sur cette question des réfugiés, c’est symptomatique de ce refus. Et accepter l’existence d’un État juif. Pour moi, il n’y a pas de possibilité : c’est un conflit sans solution. C’est un débat impossible, il y a un déni de légitimité des deux côtés… mais l’avenir est toujours imprévisible.
Qui est Charles Rojzman ?
Charles Rojzman psychosociologue, philosophe et écrivain a donné des cours à l’université de Philadelphie (USA) et de Paris-Est-Marne la Vallée. Il est le créateur du concept de thérapie sociale et fondateur de l’institut Charles Rojzman, basé en Suisse et à Paris.
L’association Culture et Judaïsme en Occitanie CJDOC est une association culturelle narbonnaise créée en 2017 pour faire connaitre les cultures et traditions juives et valoriser le patrimoine et l’histoire des communautés narbonnaises et languedociennes, autour de manifestations conviviales et culturelles.