Un an après l’annonce d’une réduction drastique de 2,5 millions d’euros des subventions accordées à une trentaine d’institutions culturelles lyonnaises, la Région a confirmé, ce vendredi 28 avril, sa volonté de privilégier la culture en zone rurale au détriment des métropoles.
« Les subventions ne sont ni un dû, ni une rente », a martelé, ce vendredi 28 avril, la vice-présidente déléguée à la culture Sophie Rotkopf, lors de la présentation de la politique culturelle de la Région pour 2023. La collectivité a ainsi confirmé sa volonté de favoriser la culture dans les espaces ruraux du territoire, au détriment des métropoles.
« Les structures métropolitaines captaient 60 % du budget de la culture (qui est de 60,2 millions d’euros chaque année, NDLR). Nous ne pouvons pas nous adresser qu’à une partie de nos huit millions de citoyens », a avancé Sophie Rotkopf.
1,3 millions pour les festivals
La collectivité accélère son soutien aux festivals : 120 d’entre eux bénéficieront de 1,2 million d’euros de subventions supplémentaires. Le secteur des arts plastiques et des jeux vidéo devraient eux-aussi être revalorisés. De leur côté, les enveloppes budgétaires tronquées des institutions culturelles lyonnaises resteront les mêmes qu’en 2022, à quelques exceptions près.
Le Théâtre Nouvelle Génération se voit retirer l’intégralité de ses subventions – soit 149 000 euros – après que son directeur a critiqué les choix de la Région dans une tribune et un article de Télérama, quelques jours plus tôt.
Au printemps dernier, l’annonce des coupes budgétaires avait fait l’effet d’une bombe dans le milieu du spectacle vivant de la métropole lyonnaise, particulièrement affectée par ce « rééquilibrage territorial » initié par la Région. 200 000 euros en moins pour les Biennales, la moitié des subventions retirée pour la Maison de la danse, la suppression totale des aides pour la Villa Gillet (350 000 euros)…
Le TNG avait lui perdu 15 % de ses subventions. « Nous avons bien entendu les propos et les désaccords du directeur et nous avons fait le choix de retirer l’intégralité du financement à cette structure », a affirmé Sophie Rotkopf.
De son côté, le Grame, centre national de création musicale (Lyon 2e), perdra 40 % de subventions en 2023, « la Ville ayant retiré 40 % de leur côté, nous faisons de même », a simplement rétorqué la vice-présidente.
250 000 euros pour un Opéra de Lyon itinérant
Seul l’Opéra de Lyon voit son enveloppe croître. Après avoir été ponctionné de 500 000 euros l’année dernière, il devrait recevoir 250 000 euros supplémentaires (pour atteindre 2,5 millions de subventions au total), afin de développer un projet d’opéra itinérant.
L’idée ? Faire tourner le ballet de l’Opéra sur les scènes régionales, et créer des œuvres plus petites susceptibles d’être jouées dans des gymnases, des Ehpad ou des MJC. Un projet proposé par Richard Brunel, directeur de l’institution, qui « s’incorpore parfaitement à la vision de la culture portée par la Région » et qui devrait voir le jour à partir de 2024. Un appel à candidature devrait bientôt être lancé en ce sens.
En parallèle, pourtant, l’Opéra de Lyon a récemment annoncé l’annulation de trois événements, dont le festival gratuit estival Péristyle, et la fermeture de l’établissement pendant un mois entre le 15 juillet et le 15 août pour « permettre de limiter son déficit et préserver sa prochaine saison ».
« Cette décision n’a rien à voir avec les baisses de subventions de la Région mais est liée à l’annulation de spectacles à la suite des grèves contre la réforme des retraites, ayant entraîné une perte financière », a justifié la vice-présidente chargée de la culture.
« Le financement de la culture sur des appels à projets seulement est dangereux »
L’adjointe à la culture de la Ville de Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert, n’a pas tardé à réagir à ces annonces : « Nous n’avons eu aucune information, il n’y a eu aucune concertation avec la Ville sur une politique culturelle qui pourrait être partagée et co-évaluée. »
« Pour l’Opéra, nous regarderons si ces 200 000 euros sont vraiment suffisants pour mener ces opérations hors les murs, a réagi l’élue auprès de Tribune de Lyon. Plus largement, le financement de la culture seulement sur des appels à projets est quelque chose de dangereux. C’est méconnaître le fonctionnement des structures qui, pour bâtir des projets, ont justement besoin de moyens, de personnels, d’artistes. »
Les acteurs lyonnais de la culture devraient réagir dans les prochains jours.
Iris Bronner