Le procès de l’auteur d’une attaque contre une synagogue de Pittsburgh, la plus meurtrière contre des juifs dans l’histoire des États-Unis et pour laquelle il encourt la peine de mort, s’est ouvert lundi en pleine poussée d’actes antisémites dans ce pays.
Les débats devant le tribunal fédéral de Pennsylvanie (nord-est) ne commenceront qu’une fois sélectionné un jury qui devra juger Robert Bowers, 50 ans, pour 63 chefs d’accusation. Ce routier, qui plaide non coupable, est accusé d’avoir perpétré ces assassinats aggravés par la qualification d’acte antisémite. Avant cela, il avait posté des messages racistes, antisémites et hostiles aux étrangers immigrés sur un réseau social d’extrême droite.
Trois ans après l’engagement de campagne de M. Biden d’abolir la peine de mort à l’échelon national, ce procès va raviver aux États-Unis les débats autour de ce châtiment suprême encore pratiqué dans nombre d’États américains.
« Haine » des juifs
Dès 2019, le procureur fédéral de Pittsburgh avait indiqué qu’il requerrait la peine fédérale pour Robert Bowers, citant son « absence de remords » et « sa haine et son mépris » pour les juifs. Le 27 octobre 2018, il avait fait irruption dans la synagogue « Tree of Life » de Pittsburgh, armé de trois pistolets et d’un fusil d’assaut semi-automatique.
Il avait ouvert le feu et tué 11 personnes, dont une fidèle de 97 ans, en pleine cérémonie de shabbat dans un quartier juif historique de Pittsburgh, commettant l’attaque la plus sanglante contre des juifs aux États-Unis.
Ce pays compte le plus de juifs au monde après Israël. Il y avait en 2020, selon l’institut Pew Research Center, quelque 5,8 millions de juifs adultes aux États-Unis, qu’ils soient religieux ou pas, auxquels s’ajoutent 2,8 millions de personnes adultes qui revendiquent un parent juif.
Ce procès, dont la sélection des jurés pourrait prendre des semaines, s’ouvre dans un contexte de poussée d’actes racistes et antisémites aux États-Unis, au plus haut depuis 30 ans, d’après des statistiques de la police fédérale, le FBI, citées lundi par le Washington Post.
D’après l’organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme Anti Defamation League, ce pays avait connu en 2021 un nombre record de 2717 actes antisémites (agressions, attaques verbales, dégradations matérielles…), soit une augmentation de 34 % sur un an.
Près de 3700 actes antisémites
En 2022, cette association a dénombré 3697 actes antisémites (+36 % sur un an), du jamais vu depuis 1979, selon le Washington Post. Et l’an dernier, d’après l’American Jewish Committee (AJC) l’an dernier – l’une des plus anciennes organisations américaines de défense de la cause juive – « 39 % des juifs américains ont changé leur comportement par crainte de subir de l’antisémitisme, y compris en prenant des mesures pour occulter leur identité juive », tandis que « 24 % ont rapporté avoir été la cible d’antisémitisme ».
Les autorités fédérales américaines ont fait de la lutte contre l’antisémitisme un cheval de bataille. Doug Emhoff, époux de la vice-présidente américaine Kamala Harris, et juif, avait appelé en décembre à combattre une « épidémie de haine » aux États-Unis. En novembre, le FBI avait lancé des alertes concernant des menaces visant des synagogues dans l’État du New Jersey, près de New York.
Un Britannique avait pris en otage quatre personnes dans une synagogue du Texas avant d’être tué lors de l’assaut de la police en janvier 2022. Et six mois après l’attaque de Pittsburgh, en avril 2019, un jeune se revendiquant antisémite avait abattu une femme et blessé trois personnes dans une synagogue de Californie.