Cette décision du tribunal de Lausanne, rendue publique ce vendredi 14 avril, vient s’ajouter à de multiples autres condamnations, confirmant que l’antisémitisme est le fonds de commerce d’un individu tentant de se cacher derrière un rôle d’acteur.
Nouvelle condamnation pour Dieudonné. Une nouvelle fois pour «discrimination raciale», antisémite précisément. Le tribunal fédéral de Lausanne, en Suisse, a rendu publique ce vendredi 14 avril sa décision confirmant la condamnation de l’histrion par un arrêté rendu le 16 mars. Dieudonné «ne peut pas se prévaloir de la liberté d’expression pour les propos tenus […] lors de spectacles […], selon lesquels les chambres à gaz n’auraient jamais existé», estime l’autorité helvétique. Qui confirme par ailleurs la condamnation pour injure envers la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad), ainsi que pour diffamation à l’encontre du secrétaire général de cette dernière, Johanne Gurfinkiel.
«Minimiser grossièrement l’Holocauste»
C’est lors de représentations d’un de ses spectacles, à Nyon et à Genève en 2019, que Dieudonné a tenu les propos incriminés. Il y interprétait un passager assis à bord d’un avion sur le point de s’écraser et qui proférait «des propos irrespectueux», souligne le tribunal fédéral de Lausanne. Et notamment cette phrase, lancée comme une confession : «J’emmerde tout le monde, les chambres à gaz n’ont jamais existé.» Une sortie condamnée par le tribunal de police de Genève en 2021 par une peine de 180 jours-amende. Un jugement qui a été confirmé en 2022, après un premier recours, par la cour de justice de la République et du canton de Genève. En parallèle, Dieudonné avait été condamné pour «diffamation» à l’encontre du secrétaire général de la Cicad après d’une interview donnée à une chaîne YouTube genevoise en novembre 2019.
Une décision elle aussi contestée par Dieudonné, atterrissant sur le bureau du tribunal fédéral, la plus haute instance judiciaire suisse. Qui acte donc la condamnation définitive du pseudo-humoriste, estimant que son propos «revient à nier, voire à minimiser grossièrement l’Holocauste» et tombe sous le coup de la loi. «Au vu des circonstances d’espèce, il apparaît que la déclaration incriminée n’a pas été prononcée à des fins humoristiques, parodiques ou satiriques. Le spectacle contenait diverses allusions évocatrices de l’état d’esprit du recourant et, en particulier, de son inclinaison à se moquer des victimes de l’Holocauste», détaille le tribunal. Qui évoque également les «très nombreuses condamnations à l’étranger» de Dieudonné pour des motifs similaires et sa «propension à adopter de tels comportements» discriminatoires. Pas un dérapage, donc, mais bien le fonds de commerce d’un antisémite tentant de se cacher derrière un rôle d’acteur.
Volet financier
L’humoriste franco-camerounais cumule depuis 2006, date de sa première condamnation pour antisémitisme, un nombre impressionnant de procès perdus après des plaintes pour «injure à caractère raciale», «provocation à la discrimination» et «contestation de crimes contre l’humanité». Les procédures judiciaires contre Dieudonné comportent également un important volet financier. En 2021, il a été définitivement condamné à deux ans de prison ferme et une amende de 200 000 euros par la cour d’appel de Paris pour «fraude fiscale», «abus de biens sociaux» et «blanchiment». Son pourvoi en cassation a été rejeté. En octobre, Libération révélait que son ancienne compagne, Noémie Montagne, avait porté plainte contre lui pour «escroquerie» et «harcèlement». Enfin, Libé était en mesure d’affirmer fin mars que le multirécidiviste de la haine était sous le coup d’un contrôle fiscal qui porte sur des soupçons de détournement de fonds et d’abus de bien sociaux.
par Pierre Plottu et Maxime Macé