Netflix a dévoilé ce vendredi « Transatlantique », la très attendue nouvelle série d’Anna Winger, la créatrice d’« Unorthodox ».
Quel est le point commun entre Hannah Arendt, André Breton, Marc Chagall et Walter Benjamin ? Ces artistes et intellectuels, souvent juifs, ont bénéficié de l’aide du journaliste Varian Fry, à la tête du Comité américain de secours d’urgence basé à Marseille, et de sa compatriote Mary Jayne Gold, une riche héritière new-yorkaise, à fuir le nazisme.
Transatlantique, minisérie en sept épisodes disponible ce vendredi sur Netflix, retrace l’histoire aussi romanesque que haletante de ce réseau de résistants qui aida quelque 2.000 personnes à rejoindre les États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Un pan méconnu de l’histoire qu’Anna Winger, qui avait déjà signé la minisérie à succès Unorthodox, qui retraçait la fuite d’une Juive orthodoxe de Brooklyn, nommée à huit reprises lors des Emmy Awards, a choisi de raconter.
Une série inspirée par une histoire vraie
« Je connais l’histoire de Varyan Frye depuis mon enfance et m’en suis inspirée. J’ai eu envie d’y revenir au moment où de nombreux réfugiés se sont installés à Berlin. J’ai commencé à faire des recherches. Le livre de Julia (Orringer, The Flight) est sorti l’été suivant. J’ai pris une option sur le roman. Mais, les romans sont plus internes, en fin de compte, la série est assez différente du roman dont elle s’inspire. J’ai fait de nombreuses recherches supplémentaires sur ce qui se passait à Marseille à l’époque. C’est comme cela que cette histoire est née », résume Anna Winger, que 20 Minutes a rencontré lors de la dernière édition du festival Séries Mania où la minisérie était présentée lors de la soirée de clôture.
Transatlantique est servi par un casting cinq étoiles. Cory Michael Smith (Gotham), Corey Stoll (House of Cards), Grégory Montel (Dix Pour Cent) et Lucas Englander (Parlement) donne la réplique à Gillian Jacobs (Community), qui incarne la riche héritière inspirée de Mary Jayne Gold, l’héroïne de cette épopée au cœur de la cité phocéenne en 1940. « Elle est très moderne à bien des égards. Lorsque nous la rencontrons, elle doit cette indépendance à l’argent de son père. Une fois qu’elle n’aura plus accès à ces ressources, elle se retrouve confrontée à un défi très profond : que peut-elle apporter à ce réseau sans argent ? Que vaut-elle en tant que personne ? Elle va découvrir qui elle est et ce dont elle est capable », raconte l’actrice. « Il s’agit d’une histoire positive sur des gens ordinaires qui, confrontés à des circonstances exceptionnelles, finissent par faire des choses extraordinaires », renchérit Anna Winger.
Une minisérie tournée à Marseille
La série a été tournée durant six mois à Marseille. « Je n’ai pas eu beaucoup d’occasions de travailler en dehors des États-Unis, c’était donc très excitant pour moi. J’ai lu les mémoires de Mary Jayne Gold, mais à Marseille, nous nous sommes retrouvés entourés par cette histoire. Le premier jour du tournage, je suis passée devant le consulat américain où il y avait une plaque honorant Varian Fry. Se promener près du Vieux-Port, le quartier dans lequel ils opéraient, était une autre forme de recherche », se réjouit Gillian Jacobs. « Il y avait quelque chose de très étonnant à tourner à Marseille dans de nombreux lieux réels de l’histoire », abonde Anna Winger.
Le portrait de toute une génération d’artistes
« J’ai grandi en aimant l’art surréaliste et les artistes de cette période. J’ai étudié au Lincoln Center for the Performing Arts, d’où on peut apercevoir deux grandes peintures de Mark Chagall. Je passais tous les jours devant pour les admirer. Mais je n’avais aucune idée de la façon dont il est arrivé aux Etats-Unis. Il s’agit d’une histoire importante à raconter », confie Gillian Jacobs.
Transatlantique fait revivre toute cette génération d’artistes, en imaginant leur quotidien durant la Seconde Guerre mondiale. « Nous sommes fidèles aux faits historiques, mais nous nous amusons beaucoup avec certaines parties de la vie privée », souligne Anna Winger. Et de rappeler : « La culture est le résultat de chemins différents qui se croisent d’une manière qu’ils n’auraient jamais pu faire ailleurs, et c’est également vrai ici. »
Une intrigue toujours palpitante
Au-delà d’un pan de l’histoire important à raconter, « qui rappelle que les choses que nous vivons se sont déjà se sont déjà produites auparavant » selon Anna Winger, Transatlantique mélange avec brio romance, glamour, aventure, film noir, comédie et surréalisme. « Je travaille toujours le mélange des genres, c’est une question de rythme : vous riez, puis, vous pleurez et ensuite vous êtes embarqués », explique Anna Winger. Nul doute que Transatlantique vous fera autant palpiter qu’Unthortodox !
Anne Demoulin