Lili Keller Rosenberg, 91 ans, est une rescapée de la Shoah. Déportée à l’âge de 11 ans, elle a survécu aux camps de concentration. Elle s’est donnée pour mission de sensibiliser les plus jeunes aux atrocités la guerre.
À 91 ans, Lili Keller Rosenberg est une rescapée de la Shoah. Le 27 octobre 1943, à Roubaix, alors qu’elle est âgée de 11 ans, elle est déportée avec toute sa famille.
« Nous, les Juifs, étions destinés à disparaître de la surface du globe. Donc toute la famille a été arrêtée. C’étaient des moments pénibles, nous sommes allés dans des camps de concentration, heureusement ce n’était pas Auschwitz, sinon je ne serais pas là aujourd’hui« , témoigne Lili Keller Rosenberg.
La petite fille de 11 ans, est d’abord déportée avec sa mère et ses deux petits frères vers Ravensbück puis vers Bergen-Belsen, surnommé « le camp de la mort lente ». « C’était des moments terribles parce que nous avions très peur, nous, les enfants. Maman partait chaque jour à l’arbeit [ndrl : au travail] et nous étions seuls dans le camp, nous avions peur de bouger. Nous vivions comme des ombres. C’est une déshumanisation complète.«
Ce n’est que plus tard qu’elle apprendra que son père a, lui, été envoyé au camp de concentration de Buchenwald : « Mon père a été assassiné par les nazis« , raconte la rescapée. En 1945, les Britanniques ont fini par libérer le camp. Lili Keller Rosenberg a reconstruit sa vie dans le Nord.
Partager son histoire pour ne pas oublier
Mardi 28 mars, face à 500 collégiens et lycées du bassin creillois, Lili Keller Rosenberg est venue décrire l’horreur des camps. « Pour moi, c’est indispensable, parce qu’il y a eu trop d’horreur dans le passé et je ne veux surtout pas que ça se reproduise. Il y a tant de haine, de racisme, d’antisémitisme, et je veux combattre tout ça. Je dis aux jeunes, vous êtes la France de demain, c’est grâce à vous que le monde changera« , alerte la rescapée.
Après une heure et demie d’un témoignage aussi captivant que bouleversant, les élèves ressortent bouleversés. « Voir des gens qui ont vécu des actes aussi traumatisants, et qui possèdent cette force et ce courage de pouvoir nous en parler, c’est incroyable. On ne peut qu’avoir de l’admiration pour tous ces gens« , confie Orlane, élève au lycée André Malraux à Nogent-sur-Marne.
« C’est une période qui intéresse les élèves. Ça permet aussi de répondre au devoir de mémoire et de permettre aux élèves de connaître et de comprendre les enjeux de cette époque du point de vue historique, mais aussi moral« , explique Lucas Tessier, professeur de français au lycée Jules Uhry à Creil. « Elle a un vécu, elle a une sorte de charisme, son approche des élèves est directe. Les élèves sont touchés et il y a un élément humain qu’il n’y a pas forcément avec un livre d’Histoire.«
Dès qu’elle le peut, aux quatre coins de la France, Lilli Keller Rosenberg livre son précieux témoignage aux jeunes générations pour qu’elles soient vigilantes. « Tout peut revenir, le mal est partout. Ne laissez pas dire n’importe quoi« , répète-t-elle.
Avec Haron Tanzit / FTV