C’est en voulant démontrer le contraire qu’un éminent spécialiste de l’artiste italien révèle que sa mère était certainement issue d’une communauté juive du Caucase.
Un mystère de plus levé sur Léonard de Vinci… Le génial artiste italien ne serait pas le fruit d’une passade entre le notaire Pierre de Vinci et une certaine Caterina, jeune paysanne toscane, comme on le croyait jusqu’ici, mais sa mère devait être une esclave circassienne, comme le rapporte un article du Corriere della Sera. C’est la découverte révélée ce mois-ci par Carlo Vecce, l’un des plus grands spécialistes italiens du peintre de la Renaissance, qui vient de publier un livre sur cette filiation dans son nouvel ouvrage, Il sorriso di Caterina, la madre di Leonardo (éd. Giunti, non traduit en français).
Le plus curieux dans l’histoire, c’est que le chercheur est tombé sur des preuves alors même qu’il souhaitait mettre un terme à cette hypothèse qui courait sur les origines troubles et mystérieuses du jeune Léonard de Vinci. « Je n’ai jamais accordé trop de crédit à l’histoire selon laquelle la mère de Léonard était une esclave vivant à Florence dans la splendeur de la Renaissance, a expliqué Vecce dans une interview accordée au site ilIibraio.it. Je voulais prouver que ce n’était pas possible, et finalement, j’ai dû changer d’avis… »
Esclave sexuelle
Donato di Filippo habitait près de l’église florentine de San Michele Visdomini et avait fait fortune dans le commerce des brocarts, pour lequel on utilisait des esclaves circassiens – la pratique était encore courante à Venise et à Florence au XVe siècle, selon des travaux d’historiens. La mère de Léonard a été enlevée, vendue et revendue plusieurs fois à Constantinople, puis à Venise, avant d’arriver enfin à Florence vers 15 ans, pour être utilisée comme bonne et sûrement comme esclave sexuelle. Elle aurait alors croisé la route du jeune notaire de la famille florentine. Avant de vivre sa propre vie une fois émancipée, mais jamais loin de son fils Léonard qui l’aurait bien connue.
Sa mère a-t-elle nourri l’imaginaire du jeune Léonard avec ses souvenirs et ses racines lointaines ? Pour Carlo Vecce, c’est une certitude. « Elle lui a inculqué l’esprit de liberté absolue que l’on retrouve dans sa recherche scientifique et intellectuelle, qui ne s’arrête pas devant les préjugés ou les principes d’autorité… »