L’humour de Pierre Dac a ouvert la voie à toute une génération d’humoristes. Un homme à (re) découvrir à la Mahj !
Du 20 avril au 27 août 2023, le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme reprogramme l’exposition « Pierre Dac. Le Parti d’en rire ». Initialement proposée d’octobre 2020 à février 2021, elle avait dû fermer ses portes quinze jours après son inauguration en raison de la pandémie. Première exposition consacrée à Pierre Dac (1893-1975), elle éclaire, à travers plus de 250 documents issus des archives familiales, extraits de films, émissions télévisées et radiophoniques, le parcours personnel et l’œuvre de ce maître de l’absurde, qui présida notamment à la naissance de l’humour contemporain.
Né André Isaac à Châlons-sur-Marne, Pierre Dac est issu d’une famille juive alsacienne qui choisit la France après l’annexion allemande de 1871. Il s’engage durant la Première Guerre mondiale, animé du désir de rendre l’Alsace-Lorraine à la France. Après l’Armistice, il se tourne vers le cabaret ; ses sketchs, chansons, et surtout ses « pensées », lui valent un succès immédiat.
Dans les années 1930, il produit les premières émissions d’humour à la radio (La Société des Loufoques, La Course au Trésor…), puis fonde l’hebdomadaire L’Os à moelle, dont le tirage atteint 400 000 exemplaires.
Résistant de la première heure, il rejoint Londres en 1943 : dans Les Français parlent aux Français, au micro de la BBC, il mène une impitoyable guerre des mots contre Radio Paris.
Après la guerre, il rencontre Francis Blanche, avec lequel il monte Sans issue ! aux Trois baudets, crée le célèbre « Sâr Rabindranath Duval », puis Signé Furax, le feuilleton le plus écouté de l’histoire de la radio. Il se présente à l’élection présidentielle de 1965 à la tête du Mouvement ondulatoire unifié ou MOU. En 1972, trois ans avant sa mort, celui qui s’était autoproclamé « roi des loufoques » publie ses Pensées, qui touchent une nouvelle génération.
L’exposition éclaire la créativité musicale et littéraire de Pierre Dac, ses sources, le rôle de la parodie et de la satire, ses modes d’expression très divers – et notamment l’utilisation de tous les nouveaux médias (film, radio et télévision) tout en restant attaché au cabaret et au théâtre). Elle évoque également plusieurs générations d’humoristes, qui ont été, un jour ou l’autre, ses compagnons de route. Certains d’entre eux, notamment Francis Blanche, Jean Yanne et René Goscinny, figurent au Panthéon de l’humour.
Enfin, elle restitue l’œuvre de Pierre Dac parmi celles des maîtres de l’absurde (Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Roland Dubillard…), redevable tant à l’argot des bouchers qu’au mot d’esprit freudien, et aborde les résonances de sa judaïté dans son parcours personnel, de citoyen et ses choix artistiques. Une série de manifestations à l’auditorium et des visites guidées accompagnent l’exposition. Le catalogue est publié avec les éditions Gallimard.
- Commissariat : Anne Hélène Hoog et Jacques Pessis
- Coordination et recherches : Virginie Michel, avec Anaëlle Gobinet-Choukroun
- Scénographie : Agence NC, Nathalie Crinière et Chloé Degaille
- Conception graphique : Tania Hagemeister
Avec le soutien de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, de la fondation Feldstein sous l’égide de la Fondation du judaïsme français, de la fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la fondation Pro mahJ.
Par Valérie Guédot