Un style identifiable
Je suppose que vous connaissez tous Ron Arad, qui a beaucoup fait parler de lui depuis l’ouverture de son studio à Tel-Aviv en 1981. Il appartient aux stars du métier, avec un style aisément identifiable. Egalement architecte, le designer imagine ainsi des meubles monumentaux qu’il décline ensuite dans différentes matières. Ceux-ci sont en crystalline, une matière tenant du verre pour ce qui tient des renvois de lumière et de la résine pour ce qui est de l’aspect général. Chaque pièce se révèle du coup différente, en plus des couleurs qui changent à chaque fois. Notons tout de même que celles de l’étagère «Don’t Ya Tell Henri Matisse» sont fixes. Elles reprennent scrupuleusement les tons d’un collage réalisé par le peintre à la fin de sa vie.
Conçu pour Opéra Gallery, qui va encore ouvrir une succursale à Madrid, l’ensemble apparaît donc très coloré. Très cohérent aussi, ce qu’il ne restera plus après la dispersion de l’ensemble. Pour tout dire, chacune de ses composantes me fait penser à un énorme bonbon acidulé au goût de fruit synthétique. On a envie de lécher. C’est très artificiel et un brin tapageur. Il faut dire que ces choses s’adressent à une riche clientèle disposant de beaucoup de place et de solides planchers. Il semblerait que la crystalline supporte aussi les longs séjours (on ne déplace pas trois cents kilos tous les jours!) au jardin. Comment dire? L’œuvre devient alors un signe extérieur de richesse…
P.-S. Le carton pour le vernissage du 9 mars «en présence de l’artiste» a été considéré comme peu écologique par certain.e.s. Il s’agit d’une plaque de plastique transparent, qui serait non réutilisable. Elle me semble pourtant idéale pour poser une tasse de café sur mon bureau.
Pratique
«Ron Arad», Opera Gallery 10-12, place Longemalle, Genève, jusqu’au 31 mars. Tél. 022 318 57 70, site www.operagallery.com Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h.