Le ministre de la Culture Gennaro Sangiuliano a annoncé à l’issue du Conseil des ministres le déblocage de dix millions d’euros pour commencer les travaux du musée.
Rome, théâtre d’une terrible rafle de juifs en octobre 1943, aura finalement son musée de la Shoah, auquel le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni a donné son feu vert jeudi 16 mars.
L’Italie, à travers « l’institution d’un musée national de la Shoah à Rome« , veut « concourir à maintenir vivante et présente la mémoire de la Shoah« , a expliqué le gouvernement dans un communiqué publié à l’issue d’un conseil des ministres, une semaine après la visite à Rome du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. L’entreprise d’extermination des juifs d’Europe menée par l’Allemagne hitlérienne pendant la Seconde guerre mondiale, qui fit au moins six millions de victimes, toucha aussi Rome, où se trouvait l’une des communautés juives les plus anciennes d’Europe.
Plus de 1000 juifs déportés
Le 16 octobre 1943, les troupes allemandes soutenues par des fonctionnaires du régime fasciste procédèrent à une rafle dans l’antique ghetto de Rome, l’une des pires et plus connues opérations antisémites dans la péninsule. 1 023 juifs furent déportés au camp d’extermination d’Auschwitz et seulement 16 d’entre eux survécurent.
Le ministre de la Culture Gennaro Sangiuliano a annoncé à l’issue du Conseil des ministres le déblocage de dix millions d’euros « pour commencer à réaliser dans notre capitale » un musée de la Shoah, déjà « présent dans toutes les grandes capitales d’Europe » mais qui a mis un quart de siècle à se concrétiser en Italie. Cette annonce a été saluée par la communauté juive de Rome, sa présidente Ruth Dureghello appelant cependant dans un communiqué à « des choix réalisables dans des délais brefs pour garantir à la capitale d’Italie un musée comme toutes les grandes capitales européennes« .
Ouverture du musée « dans trois ans »
Fort symboliquement, le musée sera construit sur un terrain jouxtant le parc de la Villa Torlonia, qui fut la résidence du dictateur fasciste Benito Mussolini, au pouvoir de 1922 à 1943. C’est sous son régime que furent adoptées les « lois raciales », une législation antisémite instituant toute une série de discriminations à l’égard des juifs : interdiction d’accès aux emplois de la fonction publique, exclusion des enfants juifs des écoles publiques, interdiction de se marier avec des Italiens…
Le musée de la Shoah devra « être une instrument d’éducation à la démocratie, au pluralisme (…) parce que malheureusement nous voyons que des choses que nous considérions comme acquises et comme des conquêtes définitives ne le sont pas« , a expliqué vendredi à l’AFP l’architecte en charge du projet, Luca Zevi. Interrogé sur les délais de réalisation de ce projet, il a répondu que le musée devrait voir le jour « dans trois ans » au maximum.