L’enquête sur l’enlèvement de journalistes français en 2013 a été rouverte : sur des images de 2013, les enquêteurs ont identifié Salim Benghalem, Mehdi Nemmouche et Abdelmalek Tanem.
En presque dix ans, ces images auront fait du chemin. Des enregistrements de vidéosurveillance de l’hôpital Qadi Askar à Alep, datant de novembre et décembre 2013, ont d’abord été récoltés par une ONG allemande en 2018, avant d’être copiés et transmis au Parquet national antiterroriste (Pnat) en juillet 2021, puis confiés à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour être exploités, relate Le Parisien.
Cet hôpital avait été transformé en quartier général et en prison par l’Etat islamique, à l’époque où l’organisation terroriste contrôlait une large partie de la Syrie et de l’Irak. C’est là que des otages occidentaux, dont quatre journalistes français, ont été séquestrés à l’été 2013. Alors que le juge d’instruction avait décidé le 29 décembre de clôturer l’enquête sur leurs geôliers, les investigations ont été relancées pour ajouter ces pièces au dossier. Quatre caméras ont ainsi filmé un couloir en sous-sol, donnant accès à cinq pièces faisant office de geôles, dans lequel se déroulaient des actes de torture.
Techniques de combat et Serflex
Trois personnes avaient déjà été mises en examen dans cette affaire, et l’exploitation des vidéos vient renforcer les éléments contre eux, même si elles ne couvrent pas la bonne période, toujours selon le Parisien. Salim Benghalem, djihadiste originaire du Val-de-Marne et décrit par les otages comme l’un de leurs gardiens, semble ainsi avoir « une position centrale », selon la DGSI. Il semble donner des ordres à d’autres gardiens, et montre à plusieurs d’entre eux comment brutaliser les détenus en usant de techniques de combat. Salim Benghalem est aujourd’hui présumé mort mais fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt.
Dans un extrait du 27 novembre 2013, il se montre très amical envers Mehdi Nemmouche, condamné à la perpétuité en Belgique pour la tuerie du musée juif de Bruxelles et identifié par les otages de l’hôpital d’Alep comme étant l’un des gardiens les plus sadiques. Le Nordiste est aussi déjà mis en examen dans cette affaire, pour enlèvement et séquestration, actes de torture ou de barbarie, le tout en relation avec une entreprise terroriste. Sur les images, on le voit notamment compter et entraver des détenus avec du Serflex. Mais le tueur du musée juif dément et « indique qu’il est impossible de le reconnaître », explique son avocat, Me Francis Vuillemin, au Parisien.
Le dernier djihadiste concerné est aussi français, et originaire du Val-de-Marne, comme son ami Salim Benghalem. Il s’agit d’Abdelmalek Tanem, condamné à neuf ans de prison en 2016 pour ses activités en Syrie et mis en examen en 2021 dans ce dossier. Il est notamment filmé en train d’escorter des détenus qui ont les yeux bandés et de converser avec d’autres gardes. L’enquête a de nouveau été refermée le 8 février, pour que le Pnat prépare ses réquisitions.