La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) rapporte une hausse de 170% des actes à l’encontre de la population juive en 2022. Deux des trois cas graves sont genevois.
En 2022, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) recense 562 actes antisémites en Suisse romande, dont deux tiers sur internet. Si le rapport est basé sur de nouvelles sources, notamment une veille en ligne des réseaux sociaux tels que Telegram ou Gab, la CICAD note qu’en se basant sur les mêmes sources que les années précédentes, elle comptabilise 283 actes en 2022 contre 165 en 2021. Soit une hausse de 170%.
Parmi ces cas, la CICAD en relève trois jugés «graves», contre cinq l’année précédente. Deux d’entre eux se sont déroulés à Genève. La synthèse de l’étude rapporte que des personnes sortant de la synagogue Hekhal Haness, sur la route de Malagnou, ont été interpellées par un individu en voiture qui leur a hurlé «Heil Hitler». Une autre fois, c’est une synagogue genevoise qui a été souillée par des individus se soulageant en pleine nuit.
Les actes jugés «sérieux» sont eux en nette augmentation puisque la CICAD en relevait 7 en 2021 et 23 en 2022. Parmi eux, trois cas d’insultes antisémites envers des personnes juives à Genève et Neuchâtel, huit courriels antisémites et neuf actes de vandalisme impliquant des tags de croix gammées ou des stickers avec la mention «Gib Nazis eine Chance», soit «Donnez une chance aux Nazis».
Extrême droite et négationnisme
Pour la CICAD, le constat est sans appel: «l’antisémitisme persiste et continue de croître en Suisse romande». Dans son rapport, elle pointe plusieurs vecteurs tels que l’extrême droite, le négationnisme et les théories du complot. Il est d’ailleurs relevé que 38% des actes antisémites de 2022 sont liés à l’évocation du «complot juif». «Depuis la pandémie du Covid-19, cette «période de crise» ne semble pas s’atténuer. Derrière les événements internationaux, le complot juif n’est jamais très loin pour les antisémites», commente la CICAD.
Si le rapport révèle que l’antisémitisme lié à Israël est en diminution en 2022, il souligne que l’actualité locale a également une influence sur les cas mentionnés. Ainsi, une vidéo du média «Tataki» (ndlr: contenu sur les réseaux sociaux produit par la RTS) sur les stéréotypes envers la communauté juive a suscité une vague de commentaires haineux.
Inquiète face à «ce fléau», la CICAD recommande que des initiatives soient prises dans les domaines éducatifs, politiques et judiciaires. «L’antisémitisme est une atteinte à nos libertés qui doit être combattue avec la plus grande fermeté.»