À quelques pas de la Saône, la Grande Synagogue de Lyon est comme dissimulée parmi les bâtiments du quai Tilsitt. Pour en apprendre sur l’histoire de ce monument historique, découvrez l’histoire de ce lieu emblématique à Lyon.
Face à la Saône, coincée entre de grands immeubles haussmanniens, la grande synagogue de Lyon passe presque inaperçue. Dénuée d’éléments religieux, la façade se fond dans le décor. Mais une fois la grande porte passée, la devanture « administrative » laisse place à une cour intérieure de 120 m² qui mène à l’édifice religieux de 550 m² de style néo-byzantin, composé de trois nefs, d’une rangée de 12 piliers symbolisant les 12 tribus d’Israël et d’une grande arche sainte, le tout surplombé d’une coupole bleue.
Construite en 1863, cette synagogue fut la première de Lyon. La communauté juive lyonnaise étant restée relativement peu importante pendant de nombreuses années, aucun lieu de culte n’avait été créé jusque-là, à l’exception de quelques petits temples installés dans des appartements.
Construction d’un consistoire régional selon un décret de Napoléon III
C’est en 1857, suivant le décret impérial de Napoléon III qui demandait la construction d’un consistoire régional (organisme qui représente officiellement les communautés juives de la région, NDRL) dans la ville, qu’a émergé la nécessité de créer un lieu de culte.
Plusieurs sites ont été proposés à la communauté, comme le Jardin des plantes ou le domaine des douanes, mais ces derniers ont été refusés par la préfecture qui trouvait ces terrains inadaptés à une telle construction. C’est ainsi que fut choisi l’ancien grenier à sel, à deux pas de la place Bellecour. Pour en concevoir les plans, c’est Abraham Hirsch, un architecte lyonnais, qui fut mandaté et la construction débuta en 1863. Abraham Hirsch devint plus tard l’architecte officiel de la ville de Lyon. En à peine un an, l’édifice religieux à la façade discrète sortit de terre et reçut presque aussitôt les dons des familles lyonnaises. Cent vingt ans après son inauguration, la grande synagogue de Lyon a été inscrite à l’inventaire des Monuments historiques.
La synagogue pendant la seconde guerre mondiale
La grande synagogue de Lyon a aussi été visée par un attentat en décembre 1943, orchestré par la milice française. Pensé pour éliminer le plus de personnes possible en toute discrétion, l’attentat n’a pourtant fait aucune victime. En effet, alors que l’assemblée était tournée vers l’entrée du temple pour une prière, la milice menée par Paul Touvier est entrée, armée jusqu’aux dents. Surpris par ce face-à-face, les assaillants ont été pris de panique et se sont enfuis après avoir tiré seulement quelques balles.
Le , la milice française pénètre dans la synagogue et arrête toutes les personnes présentes. Le secrétaire du consistoire et le premier ministre officiant sont arrêtés, ainsi que le concierge et sa femme ainsi que la femme de ménage. Toutes les personnes arrêtées ce jour-là sont d’abord internées à la prison Montluc avant d’être transférées le au camp de Drancy, puis déportées à Auschwitz le suivant.
Dans son témoignage du , Eugène Weill mentionne que quand il se rendit à la synagogue le , jour de la libération de Lyon : « la synagogue se trouve dans un état abominable, la salle du temple a servi de local de beuverie aux miliciens, les plaques commémoratives des soldats tués pendant la première guerre, ont servi de cibles, les rouleaux de la Torah également, il y a encore des douilles sur le sol, lustres, chaises et bancs ont été saccagés, les livres de prières éparpillés. »
Avec Laure Cazet