C’est un projet vieux de vingt ans qui se concrétise enfin, à Lyon. D’ici à 2025, un mémorial de la Shoah sera érigé place Carnot, dans le deuxième arrondissement, tout près de la gare de Perrache. Un lieu symbolique pour une œuvre qui le sera tout autant.
Une œuvre d’art, lisible et accessible. « Les architectes ont carte blanche« , promet Jean-Olivier Viout, président de l’association pour l’édification d’un mémorial de la Shoah à Lyon. Bien sûr, un cahier des charges devra être respecté. Pour le reste, « il faut que cette œuvre puisse attraper l’œil et l’esprit. » Le concours d’architectes a été lancé officiellement ce vendredi 10 février, au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation.
Un lieu qui ne doit rien au hasard
« Il parait que je suis le dernier… Alors, il faut que ce lieu puisse témoigner de ce qu’il s’est passé« , espère le Lyonnais Claude Bloch, 94 ans aujourd’hui. Déporté à l’âge de 15 ans, rescapé des camps nazis, il continue de témoigner du passé dans les écoles de la région.
Le lieu choisi pour le mémorial ne doit rien au hasard. « C’est en plein centre de la Ville, où tout le monde converge. Et puis c’est à côté de la gare de Perrache, où se formaient les convois ferroviaires à destination de Drancy et des camps de la mort« , indique Jean-Olivier Viout.
Des projets similaires ont vu le jour à Paris, mais aussi à Toulouse. Par son histoire, Lyon s’est imposé comme une évidence pour accueillir un mémorial.
« Il y a, au cœur de ce qu’est l’histoire de Lyon, à la fois le pire et le meilleur. Le pire, avec la collaboration d’État, le nazisme, la Shoah. Lyon, c’est aussi la capitale de la Résistance« , souligne Laurent Wauquiez, président d’Auvergne-Rhône-Alpes. Un lieu de mémoire donc, mais aussi un rappel des enjeux du présent. « On ne parle pas, malheureusement, d’une mémoire figée. Et on a besoin de lieu pour cela. Pour ne pas laisser l’antisémitisme s’installer. »
« L’antisémitisme, il se combat d’abord avec la mémoire, mais aussi en rappelant les droits fondamentaux. Il faut rester vigilant et ne rien laisser passer« , a de son côté affirmé le maire de Lyon, Grégory Doucet.
Apposée à l’œuvre, les passants pourront lire une unique inscription : « En mémoire des six millions de juifs victimes de la Shoah, dont un million et demi d’enfants (1933-1945) 6.100 venaient de notre région. »
Le projet retenu dévoilé dans un an
Près de 500.000 euros seront investis, une somme répartie entre les dons de particuliers et le financement des collectivités (150.000 euros pour la Région, 75.000 euros pour la Ville et autant pour la Métropole de Lyon). De nouveaux souscripteurs sont espérés pour atteindre l’objectif final.
Un jury de six personnalités a été constitué pour sélectionner le meilleur projet architectural, on y retrouve de grands historiens, des urbanistes et des architectes. Les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 31 juillet 2023. Après une première sélection, le projet retenu devrait être dévoilé au printemps 2024.
Quant à l’inauguration, la date du 27 janvier 2025 est pour l’heure avancée : une manière de commémorer la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste.