Une centaine de représentants d’entreprises ou des missions économiques des ambassades se sont rassemblés à Tel Aviv pour évoquer les possibilités ouvertes par les accords d’Abraham. En Israël et dans toute la région.
Israël poursuit son intégration au Proche-Orient. Pour la première fois, la réunion des conseillers du commerce extérieur (CCE) de la France de la région Proche et Moyen-Orient et Sud Méditerranée s’est tenue à Tel Aviv du 11 au 15 janvier. C’est une des conséquences des accords d’Abraham signés en septembre 2020 entre Israël et les Emirats arabes unis (EAU), le Bahreïn puis le Soudan et le Maroc . Cette rencontre a battu un record de participation – une centaine au lieu de 50 à 70 habituellement. C’est le rassemblement le plus important d’acteurs économiques français jamais organisé en Israël.
Pourtant, ces chefs d’entreprise français, qui sont également CCE, sont établis dans 15 pays arabes, dont la majorité n’a pas de relations diplomatiques avec Israël. A l’exception de l’Algérie, la Syrie et l’Iran, tous les autres pays de la région, y compris l’Arabie saoudite, étaient représentés soit par un CCE, soit par un diplomate français.
« La récente évolution géopolitique favorise une stabilité, qui est toujours positive dans le monde des affaires. Longtemps, certaines entreprises qui travaillaient dans le monde arabe hésitaient à développer des relations économiques avec Israël. Cet obstacle est en partie levé », souligne Alain Bentéjac, président du Comité national des CCE, qui compte 4.500 membres dans 150 pays, et directeur d’Artelia, société d’ingénierie associée au projet de construction de la ligne verte du tramway de Tel Aviv.
Potentiel dans les transports
Pour les entreprises françaises, cela ouvre deux marchés. D’abord, le marché israélien, notamment le secteur des infrastructures de transport. « C’est le plus gros marché d’infrastructures de la région, une manne pour les entreprises françaises du secteur », remarque Anne Baer, présidente du Comité Israël et organisatrice de l’événement. Sont déjà présents Alstom, Systra, Artelia et Schneider Electric.
Mais cela élargit aussi le marché régional. « En France, on n’avait pas conscience de l’importance des accords d’Abraham, notamment parce qu’ils avaient été signés par Donald Trump, ce qui pour beaucoup les discréditait. Or, pour nous, en France et dans les Hauts-de-Seine, Israël peut être la locomotive de notre développement régional au Proche et Moyen-Orient », remarque, enthousiaste, Bertrand de La Noue, CCE des Hauts-de-Seine et directeur financier de Saft, filiale de TotalEnergies, qui en 2015 a racheté la société israélienne Tadiran, spécialisée dans les batteries au lithium.
Ceci dit, la France pourrait aussi se trouver en concurrence avec Israël sur certains marchés, comme l’armement notamment aux Emirats, même si Israël vendait secrètement aux EAU bien avant la signature des accords d’Abraham.
Autre débouché régional important, l’Afrique. « Le Maroc est un hub régional pour accéder à l’Afrique et la France y a sa propre histoire, remarque Gilles Abensour, directeur de Saint-Gobain Maroc et président des CCE du Maroc. Il pourrait y avoir une coopération triangulaire entre le Maroc, la France et Israël », en l’occurrence très intéressé à s’implanter sur ce continent.
Par Catherine Dupeyron