Décédée à 118 ans sœur André, jusque-là doyenne de l’humanité, a fait preuve d’une longévité exceptionnelle. Mais elle fait pâle figure par rapport aux patriarches bibliques dont les durées de vie de plusieurs siècles interrogent…
« Peut-on vivre indéfiniment sans jamais voir la fosse ? », demande la Bible. La réponse tombe : « Toute vie doit finir », énonce le même psaume. L’éternité n’appartient qu’à Dieu, apprend-on au catéchisme. Pourtant, l’Ancien Testament met en scène des personnages à la durée de vie exceptionnelle, qui dépasse en longueur celle de leur barbe.
Moïse qui a vécu 120 ans, soit déjà deux ans de plus que sœur André, décédée ce mardi 17 janvier, fait figure de jeune homme par rapport à Abraham qui vécut, nous dit le texte, 175 ans (Livre de la Genèse, chapitre 7, verset 10).
Des chiffres avant tout symboliques
C’est en remontant encore avant eux que la durée de vie des patriarches atteint des sommets : Adam, le premier homme : 930 ans ; Seth, son fils 912 ans ; Énosh, 905 ans ; Mahalalel, 895 ans ; Yèred, 962 ; Hénok, 365 ans. Mais l’homme à la durée de vie la plus longue reste celui sur lequel la sagesse populaire a construit l’expression « vieux comme Mathusalem » : 969 ans, dont le fils Malek ne vécut que 777 ans.
Aux yeux de la science moderne, ces chiffres apparaissent fantaisistes. Pour les experts de la Bible, ils sont porteurs d’autres significations. La première piste à suivre est symbolique. La tradition juive a très tôt associé une charge numérique aux lettres de l’alphabet hébraïque. Cette pratique nourrira, des siècles après, la numérologie de la Kabbale, courant mystique ésotérique qui prétend avoir accès aux secrets cachés dans le texte sacré de la Torah.
Dans cette veine, le chiffre 7 étant celui de la plénitude, une vie de 777 ans, comme celle de Malek, est une vie bien remplie. Le 9 signifie quant à lui l’accomplissement comme le nombre de mois d’une grossesse arrivée à terme ; associé au 6 qui signifie la vie réelle et son harmonie, on comprend que la vie de Mathusalem 9.6.9. est une vie harmonieusement accomplie.
Une explication historique
Un autre biais est lié à la pratique des généalogies. Les écrivains de la Bible ont tenu à établir le continuum de pères en fils de l’histoire humaine racontée. Le nombre de générations étant donc fixé, il est possible que certaines corrections soient intervenues après une première écriture pour situer à bonne distance des événements passés comme la création du monde ou la construction du grand temple de Jérusalem. Dans ce cas, la durée de vie des patriarches a fait fonction de variable d’ajustement.
Arnaud Alibert