L’animateur a proféré une violente diatribe contre le «coût» de l’audiovisuel public. Qui attire pourtant plus de monde que son émission. Cette charge intervient alors que son émission comme la chaîne CNews sont dans le viseur du régulateur.
La croisade n’est pas nouvelle, mais l’outrance de Cyril Hanouna ne semble pas avoir de limites. Lundi, l’omnipotent visage de C8, propriété du milliardaire Vincent Bolloré, a profité de sa tribune cathodique pour s’en prendre une énième fois au service public audiovisuel et plus précisément à son budget, qu’il juge excessif, décrétant qu’il fallait «privatiser tout ça» et que l’argent des Français serait mieux utilisé pour financer des «autos pour la police». Diantre. Tel un prédicateur en roue libre, il a harangué son audience en égrenant des sommes censées choquer : «4 milliards» de budget au total dont «360 millions» pour Arte, une chaîne aux antipodes de sa proposition et objectivement une réussite à l’antenne comme en ligne.
La sortie d’Hanouna intervient après une interview au Monde de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, dans laquelle celle-ci laisse planer la menace de sanctions contre CNews, autre excroissance du groupe Bolloré. La chaîne – officiellement d’information mais en fait d’opinion (au singulier) – est dans le viseur de l’Arcom pour différents manquements à ses obligations, notamment en matière de respect des temps de parole durant la dernière campagne présidentielle. Sur le papier, cela pourrait remettre en cause la jouissance de la fréquence qui lui est octroyée par l’Etat et qui implique le respect d’un cahier des charges. L’Arcom pourrait aussi sévir contre C8 pour des dérapages de Cyril Hanouna ayant donné lieu à moult signalements auprès de l’autorité de régulation.
L’étau se resserre et tout cela met en boule le chien de garde médiatique du milliardaire breton, qui, dans la foulée des amabilités qu’il échange à distance depuis des semaines avec les humoristes de France Inter, cible en retour le service public. Quitte à être grossièrement amnésique sur le fait que Touche pas à mon poste n’existerait pas – qui s’en plaindrait ? – si le programme n’avait pas d’abord vu le jour sur France 4 avant de devenir le vaisseau amiral de C8. Et de dériver au fil des années vers toujours plus de clashs, de trash et même de crade : on se souvient par exemple de l’indigne célébration des audiences après l’émission spéciale autour du meurtre de la petite Lola.
Avantage service public
A la logorrhée d’Hanouna, on hésite à répondre sur le fond tant son propos – qui a ravi Eric Zemmour et s’accorde avec la volonté affichée par Marine Le Pen de privatiser l’audiovisuel public – s’apparente à une grossière diatribe. On notera simplement que le service public de l’audiovisuel, financé par un budget pluriannuel depuis la suppression de la redevance, coûte en France moins cher à chaque habitant que dans la plupart des pays d’Europe, notamment l’Allemagne, le Royaume-Uni et surtout la Suisse. Et si on se place sur le terrain de l’audience, le seul qui fait foi pour Hanouna, son Touche pas à mon poste est le plus souvent dominé par les «bobos» de Quotidien (TMC) et la bande de C à vous sur le service public (France 5) fait de plus en plus jeu égal avec la sienne. A la même heure, la tranche 19h/20h de France Inter cartonne elle aussi et 28 Minutes (Arte) fait des audiences tout à fait correctes.
Au fond, Hanouna ne rêve pas d’un service public ayant davantage de succès, il fantasme un espace médiatique complètement privatisé, le doigt sur la couture devant les milliardaires comme son «ami» Bolloré. Les chiffres d’audience de France Télévisions sont pourtant loin d’être mauvais et France 2 comme France 5 gagnent même des points alors que TF1 souffre. Quant à France Inter, elle est toujours la première radio de France, France Info a la patate et France Culture talonne désormais Europe 1, qui n’en finit plus de s’enfoncer alors qu’on lui applique la méthode CNews. Cela montre que la réalité n’est pas si sombre. Et qu’Hanouna, dont le succès personnel est incontestable, est loin d’être aussi dominant qu’on peut le croire.
par Jonathan Bouchet-Petersen
Hanounah même s’il fait le job aka servir la Galaxie Bolloré exprime une vérité violente de l’économie de la propagande étatique 4 milliards d’euros pour le groupe d’état est exubérant et inopportun au moment où nous entrons dans une économie de guerre. une grande partie de l’économie réelle est rayée de la carte par l’application des lois européennes et EDF a du mal à maintenir en état les centrales nucléaires mais on dépense 4 milliards d’Euros pour un outil de propagande peu pertinent… J’ai envie de dire à l’état français qui se comporte comme les vieux beaux du 19 ème siècle qui se ruinaient pour leur danseuse » Il faut savoir quitter la table quand le meilleur est desservi » et que la table est en passe d’être renversée !