A la manière d’un thriller politique, ce documentaire expose toutes les pièces d’un dossier qui en dit long sur l’antisémitisme qui règne au Kremlin quelques semaines avant la mort du Petit Père des peuples, en 1953.
Le 13 janvier 1953, la Pravda, l’organe de presse officiel du pouvoir communiste, révèle l’arrestation de plusieurs médecins – juifs pour la majorité d’entre eux – accusés d’avoir participé à un complot visant plusieurs hauts dignitaires du parti. Joseph Staline lui-même aurait été l’une des cibles des comploteurs.
Cette révélation soulève une vague d’antisémitisme savamment orchestrée par le pouvoir, alors que le pays est entré dans la guerre froide avec les Etats-Unis. « Tout juif est un ennemi potentiel à la solde des Etats-Unis », avait déclaré quelques mois plus tôt le maître du Kremlin.
Plusieurs ouvrages ont déjà révélé les dessous de ce complot monté de toutes pièces par Staline avec l’aide de Mikhaïl Rioumine – qui finira exécuté un an plus tard, après la mort du tyran, pour « avoir agi en ennemi de l’Etat » – contre ces « blouses blanches » qui, pour la plupart, appartenaient à la nomenklatura et soignaient les hautes personnalités du parti. En 2006, les historiens Jonathan Brent et Vladimir P. Naumov publiaient Le Dernier Crime de Staline. Retour sur le « complot des blouses blanches » (Calmann-Lévy), avec de nombreux documents inédits dévoilant les rouages de la machination.
Théorie de la conspiration
Le film de Philippe Saada rediffusé samedi 14 janvier sur Public Sénat s’appuie sur ce livre et sur les documents déclassifiés consultés par l’historien britannique Jonathan Brent. A la manière d’un thriller politique riche et documenté, le réalisateur expose toutes les pièces d’un dossier qui, au-delà du « complot », en dit long sur la paranoïa qui règne au Kremlin quelques semaines avant la mort de Staline, le 5 mars 1953.
Mais l’affaire remonte véritablement à l’année 1948 et à la mort d’Andreï Jdanov, idéologue du parti et dauphin du Petit Père des peuples. A l’époque, une lettre informe le Kremlin que Jdanov n’aurait pas reçu les soins appropriés. Staline n’exploite pas immédiatement l’information, mais l’utilisera quelques années plus tard comme l’une des preuves du complot supposé.
En novembre 1950, le premier médecin à se retrouver entre les mains de la police politique s’appelle Jacob Etinguer. Emprisonné – ainsi que son fils – pour son franc-parler et ses opinions « discordantes », il se voit accusé du meurtre d’un haut dignitaire. Le complot prend forme. Il ira jusqu’à l’arrestation de Viktor Abakoumov, chef de la sécurité d’Etat, dont la mise aux arrêts sous un faux prétexte servit à alimenter la théorie de la conspiration dont Staline voulait se servir pour organiser une nouvelle purge au sommet de l’Etat.
Quelques jours seulement après la mort de Staline, la Pravda annonçait la libération des médecins et leur exemption de toute charge criminelle.
Le Dernier Complot de Staline, documentaire de Philippe Saada (Fr., 2009, 76 min).
Sur Public Sénat, samedi 14/01 à 20h, dimanche 15/01 à 8h30 et dimanche 22/01 à 13h30
dans ma propre famille Alexandre n’avait jamais été communiste mais il avait entretenu de bons rapports avec eux en Charente, du temps des FFI ; de plus il savait ce que la victoire de 1945 devait à l’Armée Rouge ; et il avait aussi une sorte de respect pour les communistes sincères qu’il connaissait. Ce fut à l’occasion de ce procès toutefois que sans attendre Budapest 1956 il perdit la moindre indulgence tant il fut dégoûté par le comportement de médecins juifs-et-membres-du-PC qui en France reprenaient de manière acritique les mensonges de Moscou et disaient que : ceux-là, étant coupables, il ne fallait pas les défendre…