Hersh Smolar, l’un des principaux dirigeants du mouvement de résistance du ghetto de Minsk, de 1941 à 1943, publier un témoignage remarquable de précision.
C’est un témoignage exceptionnel, la chronique étonnamment sobre et précise de la résistance du ghetto de Minsk contre le nazisme. Écrivain, journaliste, juif et communiste, Hersh Smolar (1905-1993) se retrouve enfermé à Minsk fin juin 1941, dans la Biélorussie soviétique, quelques jours après avoir fui la ville polonaise de Bialystok, au début de l’offensive qui doit mener les troupes allemandes sur Moscou. Environ 55 000 des 71 000 Juifs habitants de la ville sont toujours là quand, dès le 19 juillet 1941, les autorités d’occupation les obligent à s’installer dans un « district juif ». À partir de là, l’entreprise d’extermination s’étalera sur plus de deux ans de terreur.
9 000 Juifs sauvés
La résistance clandestine dont Hersh Smolar fut l’un des principaux dirigeants, permettra néanmoins de sauver près de 9 000 Juifs en les aidant à « sortir » pour rejoindre les unités de partisans dans les forêts. Son récit montre ce qui a fait la spécificité du ghetto de Minsk : la coopération entre « Occidentaux » et « Orientaux » et le choix de la lutte armée dans des unités de partisans, hors de ses murs.
Les Juifs originaires de Pologne sont au fait de l’antisémitisme nazi, familiers de la clandestinité et imprégnés de culture révolutionnaire. Les Juifs soviétiques ont, eux, l’expérience de l’intégration dans la société biélorusse. Ce lien précieux facilite les relations avec les organisations de résistance de la ville, en particulier le « gorkom », le comité municipal du Parti communiste.
Des conflits entre partisans
« À l’inverse de l’expérience d’autres ghettos, écrit-il, il n’y a eu aucune discussion pour savoir s’il fallait rester avec le reste des Juifs, c’est-à-dire considérer le ghetto comme la seule base de combat juive, ou rejoindre les partisans dans la forêt ».
Hersh Smolar expose également les conflits entre les partisans et ne cache pas « son profond malaise » devant l’antisémitisme qui sévit, après la libération de Minsk par l’Armée rouge, début juillet 1944, dans les régions libérées du nazisme et les organes dirigeants du Parti, sous couvert de lutte contre « le fractionnisme nationaliste ».
Le ghetto de Minsk. Les partisans juifs contre les nazis, de Hersh Smolar.
Préfacé par Masha Cerovic – Traduit par Johan-Frédérik Hel-Guedj
Éditions Payot, 342 p., 22 €