Les secrets du cimetière médiéval juif de Châteauroux dévoilés

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​Philippe Blanchard, chercheur à l’Inrap, s’était engagé à ne pas laisser dans l’ignorance les habitants de Châteauroux. Il présentera, le 15 novembre, les résultats des fouilles archéologiques menées dans un cimetière juif médiéval, aux Marins.

Jamais Philippe Blanchard n’aurait imaginé devenir un spécialiste des communautés juives avant de croiser la route de Châteauroux. C’était en 1997. « Je ne m’y intéressais pas du tout avant. En fait, ça ne faisait pas très longtemps que j’étais sorti de la fac. J’aimais bien les opérations funéraires, on m’a proposé la responsabilité de ce chantier sur Châteauroux », se souvient le chercheur de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives ) qui découvre à l’époque des vestiges d’un cimetière médiéval juif.

« On n’avait qu’une semaine pour réaliser l’opération avec quatre personnes et aucune possibilité d’étendre la fouille parce que la municipalité avait accordé un permis de construire (résidence Claire-Clémence). Sur 500 m2, nous n’avons pu exploiter qu’une dizaine de m2 et nous avons sauvé dix sépultures. Il devait y en avoir une centaine à mon avis. Tout a été détruit », explique celui qui donnera une conférence sur le sujet le 15 novembre prochain.

Aucune donnée française avant Châteauroux

À l’époque, aucune référence sur le sujet en France. Les grosses fouilles avaient eu lieu en Angleterre et en Espagne, puis progressivement, dans les années 2000, dans le reste de l’Europe. « Alors, je suis devenu le spécialiste français de ces cimetières juifs. Comme je n’arrivais pas à avoir des données pour la France, j’ai cherché un terrain de jeu. Châteauroux semblait pertinent puisqu’on avait déjà trouvé des sépultures en 1997. J’ai pris un plan cadastral, une seule parcelle était suffisamment grande pour y accueillir des fouilles. J’y ai été au culot. J’ai contacté les propriétaires qui m’ont ensuite reçu. J’ai eu la chance de tomber sur des gens curieux qui ont accepté que leur jardin soit retourné à la pelleteuse pendant deux à trois ans », raconte Philippe Blanchard.

Le plus grand cimetière juif médiéval de France à ce jour

Les fouilles se déroulent à l’été 2018 et 2019. 46 tombes sont mises aux jour. En 2020, l’Inrap qualifie le cimetière juif de Châteauroux comme le plus grand découvert à ce jour. Depuis une autre fouille réalisée dans une autre ville a surpassé le cimetière de Châteauroux. « On ne peut pas en parler pour le moment, donc officiellement c’est toujours Châteauroux le plus grand pour l’instant », souligne le chercheur.

A Châteauroux, le chantier n’est pas tout à fait terminé. « Il reste une pierre dans le mur de clôture dans un calcaire différent. Cela pourrait être un fragment de stèle. Peut-être avec des écritures hébraïques », note Philippe Blanchard. Il y a aussi un puits dans l’allée chez un autre propriétaire.

« On ne sait pas jusqu’où s’étend le cimetière à l’ouest »

« Nous aurions l’espoir d’y retrouver des objets médiévaux dans la vase si une équipe professionnelle y intervenait. Nous pourrions également trouver d’autres sépultures dans les jardins autour. On ne sait pas jusqu’où s’étend le cimetière à l’ouest. Je compte un peu sur la conférence pour en discuter avec les habitants du quartier. »

Il y présentera les premiers résultats en avant-première avec Jérôme Livet, anthropologue, qui a étudié les ossements. « Le but est que les habitants du quartier et de Châteauroux soient au courant de leur histoire. Trop souvent les résultats sont réservés aux publications et aux livres. Ça faisait partie de mes engagements de restituer les premiers résultats ici », explique Philippe Blanchard.

Pratique

Philippe Blanchard, « La Fouille du cimetière juif médiéval de Châteauroux : premiers résultats », amphithéâtre, Cité du numérique, mardi 15 novembre, à 18 h, entrée gratuite. Renseignements : tél. 06.11.75.67.86. Courriel : academieducentre@gmail.com

Source lanouvellerepublique