Une cérémonie a rendu hommage à tous ceux qui ont sauvé des Juifs, hier. Alex Brolles, Juste parmi les Nations, a désormais sa plaque en ville, rue Porte-Aiguière.
Comme dans la chanson des Justes, « celui qui sauve une étoile éclaire l’univers tout entier ». Alex Brolles fait partie de ceux-ci. Un émouvant hommage a été rendu dimanche à Alexandre Brolles, appelé Alex, ingénieur chimiste à la SNCF qui a fondé, en 1935, avec Noël Barrot, l’œuvre des Petits Bergers des Cévennes. Sur la façade de l’immeuble rue Porte-Aiguière au Puy, qui abrita cette œuvre, une plaque souvenir a été dévoilée, hier.
La famille d’Alex Brolles était là, en particulier ses filles Marie-Monique Gallet de Santerre et Ghislaine Alizard, qui ont déposé une gerbe au pied de cette plaque, aux côtés du maire du Puy, Michel Chapuis.
Celui dont la mémoire était honorée dimanche a été premier édile de Vals. Ce proche du député Noël Barrot et de Louis Porte, ancien maire du Puy, s’est vu, en janvier 1994, décerner le titre de Juste parmi les Nations par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, aux enfants accueillis par les Petits Bergers des Cévennes se sont ajoutés des réfugiés qui fuyaient les bombardements. Parmi eux se trouvaient des Juifs. À ces derniers, l’association a fourni de faux papiers ainsi que des fausses cartes d’alimentation. Lorsque les arrestations se firent de plus en plus importantes, l’Œuvre de secours aux enfants (l’OSE) envoya aux Petits Bergers des Cévennes des enfants juifs. Afin de faire face aux arrivées était ouvert un nouveau centre d’accueil dans une école désaffectée de Polignac (où une plaque en souvenir de l’action d’Alex Brolles a été apposée en 2016). Une quarantaine d’enfants y étaient accueillis, d’autres se trouvaient hébergés dans les fermes des alentours, grâce à l’aide du pasteur Philippe Debû-Bridel, membre de la Licra, où ils aidaient aux travaux des champs. Alex Brolles dirigeait lui-même le centre de Polignac.
Combien de petits furent sauvés de la barbarie nazie ? « Il est difficile d’en faire le décompte, mais ce dont nous sommes certains, c’est que l’œuvre des Petits Bergers des Cévennes a permis à de nombreux enfants d’avoir la vie sauve », assure Jean Roche, ancien élu de la Ville du Puy qui connaît bien, pour y avoir contribué, l’histoire de l’œuvre des Petits Bergers des Cévennes et de la Sauvegarde qui lui succéda.
À l’instar d’Alex Brolles, d’autres Ponots ont reçu le titre de Justes, comme Marcel et Marcelles Fachaud, Albert-Louis Bernard. Un hommage leur a été également rendu. « Leurs actes doivent continuer aujourd’hui à nous guider. Ces héros ordinaires qu’étaient les Justes, qui pensaient, toutes origines et milieux confondus, n’accomplir que leur devoir, nous livrent encore aujourd’hui un message universel », estime Michel Chapuis.
Une deuxième plaque à l’intérieur de la mairie
Michel Blum, qui a été accueilli au Puy pendant la guerre et sauvé par des Ponots, aurait souhaité être présent. Un problème de santé l’en a empêché. Lors d’une deuxième cérémonie en mairie du Puy, Patrick et François Blum, ses neveux, ont tenu à transmettre la reconnaissance de leur famille à la ville, à la police et à l’autorité préfectorale.
Une autre plaque a été dévoilée à l’intérieur de l’Hôtel de Ville. Y figurent les noms de Michel Blum, ceux de Gérard Marx et Serge Klarsfeld, tous d’anciens réfugiés au Puy, qui « grâce à l’humanité dont ont fait preuve les habitants et les autorités, ont pu être épargnés de l’extermination nazie qui a coûté la vie à 6 millions de Juifs ».
Philippe Suc