L’entreprise israélienne Watergen, qui compte trois centres de recherche en université et douze docteurs en sciences, a déposé quarante-deux brevets.
Vous prendrez bien un verre d’air? Non, ce n’est pas de la magie. La société israélienne Watergen transforme l’air en eau en captant l’humidité ambiante.
«Et le résultat est plus proche de l’eau minérale que de l’eau du robinet, car nous reminéralisons l’eau: on peut faire de l’Evian en Californie, sans bouteille en plastique», lance Steve Elbaz, vice-président de l’entreprise, dans un français parfait. Et ce, que l’humidité ambiante s’élève à 20 % ou 99 %, et la température à 15 °C ou 50 °C.
L’histoire de l’entreprise remonte à 2009, quand un milliardaire rachète à trois professeurs d’université israéliens leur technologie de déshumidificateur d’air en leur demandant de produire de l’eau. Après des années de recherche et développement, Watergen commercialise son premier système en 2016. Le principe est simple: l’air est aspiré et purifié avant d’être envoyé dans une chambre de condensation où la vapeur est transformée en eau potable. Aujourd’hui, l’entreprise, qui compte trois centres de recherche en université et douze docteurs en sciences, a déposé quarante-deux brevets. Différents modèles, de taille variable, permettent de produire de 20 litres à 6 000 litres par jour.
«Nous avons réinventé l’échangeur d’air de façon à générer beaucoup d’eau avec peu d’énergie», lance Steve Elbaz. Ce qui a valu à Watergen d’être primé pour son innovation au CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas en 2019 et 2020. C’est une réelle amélioration comparée aux procédés existants, qui consomment, eux, beaucoup d’énergie pour le même résultat. Et ce d’autant que son utilisation peut être couplée à des panneaux solaires. Sans parler de la taille, la plus petite unité pouvant se glisser dans un coffre de voiture. Ce qui lui permet d’équiper en eau des véhicules tels que vans, caravanes, bus, trains et même bateaux. Plusieurs partenariats ont été scellés avec des constructeurs automobiles tels que Skoda, qui a ouvert le bal.
Au secours des populations sinistrées
De quoi permettre les rêves les plus fous pour abreuver les zones désertiques de la planète. Largement déployé en Afrique, mais aussi en Colombie, au Vietnam ou au Panama, le procédé se met au secours des populations sinistrées lors de catastrophes naturelles comme l’ouragan Irma, en 2017, à Saint-Martin, les vastes inondations de 2017 en Inde ou les incendies de l’été 2018 en Californie. Le prince Albert de Monaco a même proposé d’offrir en octobre 2020 aux zones sinistrées de la Vésubie l’unité qui lui avait été offerte en 2019, mais cela n’a pas été possible, faute d’homologation par les services français.
Watergen, qui dessert les camps de réfugiés syriens, grâce à l’Alliance multiconfessionnelle pour les réfugiés syriens, est également une des rares sociétés israéliennes installées dans la bande de Gaza. Via des ONG comme Damour, elle passe des accords avec des municipalités de cette enclave palestinienne pour les équiper en générateurs d’eau.
Forte de 135 employés et huit lignes de production sur quatre continents, l’entreprise, qui équipe les bureaux de Microsoft depuis mai 2022, connaît une croissance exponentielle dans plus de quatre-vingts pays. «Les États-Unis et l’Europe nous sollicitent davantage, avec la sécheresse. De plus, c’est un moyen de répondre aux préoccupations européennes concernant les bouteilles en plastique», estime le dirigeant de Watergen, qui réfléchit à ouvrir une nouvelle usine en Europe.