Curé des Sables-d’Olonne pendant dix ans, puis curé de Fontenay, Olivier Gaignet a toujours prêché le dialogue entre les religions. Aujourd’hui retraité, il poursuit ses efforts.
Depuis 2017, Olivier Gaignet profite de sa retraite à Bourgenay. Une retraite active. Délégué diocésain, il a repris la présidence de Dialogue pour la Paix, une association prônant les échanges entre les religions qu’il avait fondée bien des années plus tôt, lorsqu’il était curé des Sables-d’Olonne.
Nombre de Sablais se souviennent sans doute de cette époque où le curé avait ouvert la salle paroissiale aux juifs des Sables-d’Olonne. Ce qui lui avait valu une caricature dans un journal d’extrême droite. « Ils m’appelaient le rabbin Gaignet ! Les catholiques d’extrême droite m’accusaient de préférer les juifs aux catholiques ! Mais ça restait marginal. »
Et surtout, pour le prêtre, cela relève de la méconnaissance de l’Évangile. Le dialogue interreligieux a toujours accompagné le parcours d’Olivier Gaignet. En tant que prêtre. En tant qu’homme. « Jésus avait parlé avec la Samaritaine. Il avait cassé les codes. Nous sommes tous frères puisqu’humains. »
Une conviction qui n’a jamais quitté ce Vendéen pur souche, né en 1942 à Gué-de-Velluire. « Il y a toujours eu des prêtres dans ma famille. Un de mes ancêtres a d’ailleurs composé le cantique de Lourdes. »
Très tôt, le jeune Gaignet développe le goût de la découverte. En stop, il découvre Israël, puis l’Inde. Il occupe le poste d’agent hospitalier à Grenoble et fait un temps partie de la CGT ! Au sein de l’hôpital, il se lie avec des juifs et des protestants. « La graine était plantée. »
Aumônier diocésain de la Joc, Jeunesse ouvrière chrétienne, il est ordonné prêtre en 1967.
À 35 ans, il est envoyé au Mali. Il y passera neuf ans. Et c’est là-bas que sera forgée sa conviction que le dialogue entre les religions est non seulement une nécessité, mais aussi une vertu qui permet de grandir. « On m’avait envoyé en mission dans une terre musulmane », se souvient Oliver Gaignet. « Mais j’ai vite compris que plutôt qu’essayer de convertir, je devais en tirer de la richesse. Dans mon quartier, j’étais le seul catholique et je n’ai vu que des braves gens autour de moi. J’avais beaucoup à apprendre, moi qui venais d’un Occident gorgé de préjugés ! »
Dix ans aux Sables-d’Olonne
De 1997 à 2007, Olivier Gaignet est curé des Sables-d’Olonne. Lors de sa première année de fonction, il rencontre Christian Moreau, représentant des protestants des Sables-d’Olonne. Les deux hommes ont l’idée d’organiser conjointement les vœux de la paroisse, selon une formule inspirée des vœux de Louis Guédon, maire de l’époque. Une soirée de rencontres sans grand discours, mais avec énormément de poignées de mains. « On a accueilli plus de mille personnes ! »
Et un soir, le téléphone sonne. La communauté juive cherche une salle pour prier. Olivier Gaignet leur ouvre pour la première fois la salle paroissiale. Des « braves gens » préviennent : « Avec des juifs chez vous, attendez-vous à trouver un paquet suspect devant le presbytère ! » Les extrêmes caricaturent. Critiquent le refus d’Olivier Gaignet d’officier en latin. Le curé n’en a cure. Et en 2004, « les juifs ont été invités à nous rejoindre aux vœux de la paroisse. Il y a eu un tonnerre d’applaudissement. »
Le dialogue interreligieux est lancé. « Assez vite, on s’est mis à organiser des soirées qui accueillaient près d’une centaine de personnes. On parlait de nos religions sur des thèmes différents, etc. les rites, la prière. »
Le Dialogue pour la paix est lancé aux Sables-d’Olonne pendant qu’une démarche similaire est lancée à La Roche-sur-Yon par Christiane Noël. Il s’enrichit avec la venue de représentants d’autres religions, tels que la musulmane Malika Pondevie ou le lama Thrinlé.
« Devenir meilleurs »
« On nous reproche parfois de ne pas assez s’occuper des catholiques alors que les églises se vident », avance Oliver Gaignet. « Mais je pense que nous sommes avant tout des humains dont le premier devoir n’est pas de convertir, mais de devenir meilleurs. Si les religions existent, c’est avant tout pour s’ouvrir les uns aux autres. Quand Jésus nous demandait de nous aimer les uns les autres, vous croyez qu’il ne s’adressait qu’aux chrétiens ? »
Une conviction qu’Oliver Gaignet a toujours gardée pendant son parcours, tout en refusant le procès en naïveté. « Bien sûr qu’il y a des extrémismes, bien sûr qu’il y a des dérives. Mais les catholiques sont-ils si exemplaires ? »
Face aux dérives et au fondamentalisme religieux, l’ancien curé pense que la compréhension de l’autre demeure la meilleure des armes. Il en appelle à se méfier du rempli sur soi et encourage les catholiques à s’ouvrir. « On sent bien qu’il y a une fracture entre les catholiques identitaires et les catholiques d’ouverture. Moi, je crois beaucoup à la fraternité. C’est ce qui fait que je suis profondément catholique et fidèle à l’Évangile. »