Cela fait quelques années que les nouvelles technologies révolutionnent l’archéologie. Elles permettent de bouleverser certains acquis, notamment en ce qui concerne la géographie biblique. Des chercheurs israéliens ont ainsi mis au point une méthode innovante pour corroborer plusieurs événements relatés dans la Bible.
Mais ce n’est pas là son seul intérêt. N’étant pas stable dans le temps, le champ magnétique diffère en fonction des époques, à la fois en matière de direction et d’intensité. Cela peut s’avérer particulièrement utile pour les recherches archéologiques. En effet, les objets contenant des minéraux magnétiques, comme ceux en céramique, enregistrent l’orientation et l’intensité du champ magnétique terrestre lorsqu’ils sont soumis à des températures élevées. Cela peut être au moment de leur fabrication ou lors d’un incendie majeur.
Les chercheurs peuvent ainsi se servir de ces données pour dater avec précision le contact de l’objet avec le feu, et donc l’âge de certains niveaux archéologiques. C’est ce qu’a fait un groupe de 21 scientifiques de l’université de Tel Aviv et de l’université hébraïque. Ils ont utilisé la datation archéomagnétique pour évaluer la véracité historique de certaines campagnes militaires, et des destructions qu’elles ont engendrées, relatées dans la Bible.
Cette méthode de datation leur a permis de reconstituer la direction et/ou l’intensité du champ magnétique terrestre enregistré par 21 couches de terre distinctes, issues de destructions brûlées sur 17 sites archéologiques en Israël. Jusqu’à présent, certaines d’entre elles ne pouvaient être datées de façon précise.
Les chercheurs ont pu corroborer plusieurs événements décrits dans l’Ancien Testament, tels que les destructions de plusieurs cités durant la campagne militaire qu’a menée le souverain Hazaël contre les rois d’Israël et de Judah. Les données géomagnétiques ont permis de dater la destruction des villes de Gath des Philistins, Tel Rehov, Tel Zayit et Horvat Tevet aux alentours de 830 avant J.-C. Cette découverte permettrait donc d’associer ces événements à ce roi araméen, comme l’expliquent Yoav Vaknin et ses collègues dans une étude récemment parue dans la revue PNAS.
Les chercheurs ont toutefois découvert qu’Hazaël ne peut être tenu responsable de la destruction de la ville de Tel Beth-Shean, comme on l’a longtemps pensé. Cette cité aurait été détruite 70 à 100 ans plus tôt, lors d’une campagne militaire menée par le pharaon égyptien Shoshenq. Un épisode également décrit dans la Bible.
Pour Oded Lipschits, professeur à l’université de Tel Aviv, ces découvertes témoignent de l’utilité de la datation archéomagnétique pour l’archéologie. « Ce nouvel outil de datation est unique car il est fondé sur des données géomagnétiques provenant de sites dont les dates exactes de destruction sont connues par des sources historiques. »