Mohamed Sifaoui vient d’être nommé directeur de la communication du club de football d’Angers Sco. Spécialiste de l’anti-terrorisme, il est connu des plateaux de télévision pour porter un discours virulent contre l’islam radical. Menacé par des fondamentalistes, il vit sous protection policière depuis dix-neuf ans.
Âgé de 55 ans, Mohamed Sifaoui, s’apprête à endosser le rôle de directeur de la communication d’Angers Sco, comme l’ont révélé nos confrères du Courrier de l’Ouest, jeudi 6 octobre 2022. Il devrait prendre ses fonctions lundi 10 octobre. Mais qui est ce journaliste franco-algérien, spécialiste de l’anti-terrorisme ?
Spécialité : terrorisme
Mohamed Sifaoui est né en Algérie dans une « famille anticoloniale mais favorable à la France », comme il le raconte dans un portrait que lui a consacré Libération en 2020. Face à « l’islamisation forcenée de l’Algérie », selon ses propres dires dans Libération, il puise dans ses racines l’origine de son combat contre l’islamisme. Devenu journaliste, il côtoie d’abord la rubrique sportive du quotidien Le Soir d’Algérie, puis fait du terrorisme islamique sa spécialité. Mohamed Sifaoui écrit plusieurs ouvrages, qui ont rencontré un certain succès dans le débat public. Un de ses derniers livres, les Fossoyeurs de la République, paru en 2021 aux Éditions de l’Observatoire, est une enquête qui s’attache à « lever le voile sur l’islamo-gauchisme et ses adeptes ».
Le 14 octobre 2019, le polémiste d’extrême droite Éric Zemmour fait sa première apparition sur le plateau de Face à l’info, sur CNews, une nouvelle émission quotidienne dans laquelle il commentera en direct l’actualité. Ce jour-là, invité pour débattre face à lui : Mohamed Sifaoui, auteur d’Éric Zemmour, une supercherie française. De cette confrontation au ton plus que tendu, Mohamed Sifaoui n’en retiendra qu’un « pugilat », comme il l’explique au Point, en 2022, alors qu’Éric Zemmour est candidat à l’élection présidentielle.
En mai 2022, il est appelé à la barre pour témoigner au procès des attentats du 13-novembre, en tant que figure du combat contre l’islam radical et de l’antiterrorisme.
Sous protection policière
De par ses prises de position, Mohamed Sifaoui vit sous la menace islamiste et est sous protection policière depuis 2003, année où il infiltre un réseau islamiste pour les besoins d’un livre et d’un reportage qu’il filme en caméra cachée. Dès le lendemain de la diffusion du reportage, huit policiers se relaient jour et nuit pour le protéger. « Face à l’adversité, je ne lâche pas. J’ai été menacé pour la première fois par un islamiste il y a trente ans : je n’ai pas cessé depuis de combattre l’islamisme », confiait-il à Libération en 2020. Conséquence : il est interdit d’entrée de territoire en Algérie.
Sur les modalités de mise en œuvre de sa protection policière, il s’en explique au micro de TF1 en août 2022 : « Je ne peux pas être chez moi, et recevoir l’appel d’un copain qui m’invite à le retrouver dans dix minutes dans le bistrot d’à côté. Il y a toujours un dispositif à mettre en place ».
Des prises de position polémiques
Régulièrement invité sur les plateaux de télévision pour parler de son combat contre l’islam radical, Mohamed Sifaoui se fait le pourfendeur du port du voile, allant jusqu’à se montrer assez virulent. Il a notamment reproché à Latifa Ibn Ziaten, dont le fils fut assassiné par Mohamed Merah, de mettre un voile. « Son voile est celui d’une idéologie, l’idéologie qui a tué son propre fils, en l’occurrence celle des Frères musulmans », avait-il déclaré au micro de Sonia Mabrouk sur CNews. Latifa Ibn Ziaten avait porté plainte pour diffamation mais Mohamed Sifaoui fut relaxé.
Également directeur du magazine Contre-Terrorisme, il lui est arrivé d’utiliser des sources non fiables pour affirmer un propos. Sur Twitter, il avait affirmé, enquête à l’appui, que l’Algérie était le pays le plus raciste du monde. Or, l’étude est introuvable et inventée de toutes pièces, avait enquêté le service de fact-checking de Libération . Peu après, il avait fait son mea culpa, reconnaissant son erreur. Et depuis l’annonce de sa nomination au poste de directeur de la communication d’Angers Sco, des internautes exhument des propos publiés sur son compte Twitter, dont certains prêtent largement à polémique.
Sur Twitter, des internautes s’en émeuvent. « Il avait dit exactement que le voile de Madame Ibn Ziaten « est porté par une idéologie qui a tué son propre fils ». Ça va être sympa les discussions avec les mamans, et peut-être les femmes, de certains joueurs », ironise l’un d’entre eux.
Contacté, Saïd Chabane, président d’Angers Sco, n’a pas donné suite à nos sollicitations.