Doté d’une synagogue pouvant accueillir 400 personnes, le centre cultuel et culturel vient d’ouvrir ses portes rue Baudin. Un projet attendu depuis une quinzaine d’années à Levallois, où la communauté juive est l’une des plus importante d’Île-de-France.
Le bâtiment blanc d’inspiration Art déco, désormais indissociable de l’identité architecturale de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), se dresse à l’angle des rues Danton et Baudin. Attendu depuis une quinzaine d’années, le centre communautaire de Levallois vient d’ouvrir ses portes et sera inauguré ce mercredi soir en présence de nombreuses personnalités.
Au rez-de-chaussée de l’espace cultuel et culturel de 2 200 m2, d’immenses portes s’ouvrent sur une synagogue de 400 places : 260 pour les hommes et 140 pour les femmes, en balcon, juste au-dessus. Le tout baigné par un lustre en verre de Murano de 2,60 m. « C’est surtout l’une des rares synagogues circulaire construite depuis l’après-guerre, je n’ai connaissance qu’une seule autre de ce type, à New York », explique Edmond Amsellem, administrateur du centre communautaire en charge du projet, en faisant visiter le bâtiment.
Outre la synagogue, les différents espaces sont répartis sur cinq niveaux. Avec, au sous-sol, un lieu dédié au mikvé, le bain rituel des femmes — notamment avant le mariage — et aménagé comme un véritable spa, ainsi qu’une salle de danse donnant sur un patio. Au troisième étage, au-dessus des bureaux de l’administration, se trouve une immense salle de réception toujours d’inspiration Art déco qui pourra accueillir divers événements religieux et culturels. Et, au dernier niveau, des salles polyvalentes donnent sur un rooftop végétalisé.
Rooftop, salle de réception, expositions
« Nous sommes un lieu culturel ouvert sur la ville avec une programmation pour tous les habitants, qui pourra aller du festival de cinéma à des conférences en passant par des expositions. Mais aussi un lieu d’échange spirituel pour la communauté avec notamment des salles de cours et une bibliothèque », souligne l’administrateur.
Un lieu particulièrement attendu à Levallois, où la communauté juive est l’une des plus importantes d’Île-de-France. La synagogue de la rue Louis-Rouquier et les différents oratoires religieux répartis dans la ville étaient sous-dimensionnés pour accueillir l’ensemble des pratiquants. « Levallois a enfin sa grande synagogue pour accueillir toutes les obédiences dans un même lieu, et ce grâce à la mobilisation de tous », souligne le rabbin Chalom Lellouche, alors que les espaces synagogaux de la rue Rouquier vont être transformés en salles de classe supplémentaires pour l’école ouverte en 2001.
C’est donc rue Baudin qu’auront désormais lieu toutes les prières et grandes fêtes qui ponctuent le calendrier, comme Rosh Ha-Shana fin septembre. « Quand je suis arrivé à Levallois en 2000, on parlait déjà de ce projet », se souvient le rabbin. Il faudra attendre décembre 2017 pour que le conseil municipal de Levallois vote le bail emphytéotique à construire pour le terrain de 700 m2 et pour une durée de 99 ans, moyennant une redevance annuelle de 12 000 euros.
Patrick Drahi est le principal mécène
Le terrain mis à disposition de l’association cultuelle et culturelle israélite de Levallois, restait ensuite à trouver les financements pour construire le centre communautaire. Car si le volet culturel, qui occupe la moitié des espaces, peut être accompagné financièrement par la région Île-de-France, le département des Hauts-de-Seine et la ville de Levallois, le volet cultuel dépend, lui, des dons des fidèles, des opérations de levée de fonds et de mécènes.
Le plus important à avoir contribué au projet n’est autre que l’homme d’affaires et milliardaire Patrick Drahi. Le centre porte d’ailleurs le nom d’Anna et Simon Drahi, ses grands-parents, inscrit en lettres noires au-dessus de l’entrée.
Au total, le coût du projet s’élève à près de 12 millions d’euros. C’est l’architecte Antoine Delaire, concepteur de nombreux immeubles à Levallois qui a imaginé le bâtiment avec le cabinet Jocelyn et Julie Dahan pour les aménagements intérieurs. « Nous avons fait appel à de nombreux artisans comme l’entreprise Stella spécialisée dans les sièges de cathédrale, l’Atelier du vitrail mais aussi des artistes comme pour notre arbre de vie », détaille Edmond Amsellem.
Un bâtiment très sécurisé
Il souligne également l’importance de la dimension sécurité pour un tel bâtiment. « Nous sommes un établissement recevant du public de catégorie 3 (pouvant accueillir jusqu’à 700 personnes) et nous avons un cahier des charges particulièrement strict établi par le service de protection de la communauté juive », ajoute l’administrateur en montrant les doubles sas à l’entrée du bâtiment.
Par Anne-Sophie Damecour