Ceux que l’on appelle haredim investissent massivement le milieu de la tech, ce qui leur permet de conserver un mode de vie religieux très rigide. Illustration à Bnei Brak, 213 000 habitants, la plus grande ville orthodoxe d’Israël, en banlieue de Tel Aviv.
Dans les bureaux de Rav Tech à Bnei Brak, qui forme et héberge des développeurs informatiques juifs orthodoxes, on ne croise que des hommes. Il porte la tenue classique des Juifs religieux : chemise blanche, pantalon noir, kippa de velours sur la tête et barbe taillée ras.
« Cela a été monté par un rabbin. Les salaires sont intéressants, cela permet de travailler un petit peu moins pour pouvoir étudier la Torah et de pouvoir gagner un salaire correct« , explique Iossi Cahen, chef d’équipe et père de sept enfants. « On est à Bnei Brak, on n’a pas besoin d’aller loin. On est tous en noir et blanc et il n’y a que des hommes qui travaillent », poursuit-il.
Pour un usage maîtrisé des nouvelles technologies
Dans la branche lituanienne, la plus importante, 80% des femmes ont un métier contre 50% des hommes. « Que ce soit quelqu’un d’orthodoxe ou de moins orthodoxe, utiliser moins la technologie c’est un idéal« , avance Noa, étudiante en troisième année d’ingénierie logicielle au campus Tvouna à Jérusalem.
Mais celle qui espère travailler un jour pour Google ou Microsoft concède qu’on « ne peut plus vivre sans la technologie, il vaut mieux apprendre à vivre avec« . Elle souhaite travailler à sa façon, pour un usage maîtrisé des nouvelles technologies. « Il existe plusieurs styles de téléphones kasher avec des applications spécifiques. C’est en premier lieu pour se préserver. »
À leur façon, les Juifs observants ont déjà instauré le droit à la déconnexion. Pendant le Shabbat, le jour sacré du repos, et pendant les jours de grandes fêtes, on ne doit actionner aucun appareil électronique ou électrique.
Pour Iossi Cahen, cette vie religieuse intense prépare aussi les cerveaux à l’industrie cyber. « Tous ceux qui viennent ici ont un bagage talmudique. On essaie de proposer aux sociétés extérieures une certaine façon de réfléchir, parce que finalement, on a passé notre vie à apprendre sans s’arrêter et en fait dans le monde de la high-tech, la technologie change très vite« , argumente le père de famille.
Les Juifs ultra-orthodoxes composent 12% de la population israélienne, mais elle progresse beaucoup plus rapidement que la moyenne : plus 6% par an. La moitié d’entre eux est sous le seuil de pauvreté, alors leur accès au monde du travail et à des salaires corrects est une question sociale majeure.