Après près de 70 ans de disparition, la Torah de Schirmeck, petite ville du Bas-Rhin, va retrouver son berceau. Le trésor historique et sentimental de la communauté juive de la ville retrouvera la synagogue de Schirmeck-La Broque le 4 septembre, grâce aux efforts de l’association des Amis de la synagogue. Une histoire qui commence en 1908 avant de prendre un mauvais tour en 1945…
Jacky Ruch, président de l’association des Amis de la synagogue de Schirmeck-La Broque, créée en 2016, raconte l’odyssée du livre sacré auprès des DNA. Tout débute en ce XXe siècle naissant, quand le lieu de culte juif est inauguré dans la bourgade de 2000 habitants. La vie de la petite communauté bascule, comme pour tous les Israélites d’Europe, au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
La synagogue n’est pas détruite, mais son mobilier bien, confie Jacky Ruch. Un habitant de Schirmeck, apprenant l’existence du précieux rouleau et son importance, se rend sur place pour le rapporter chez lui. Dès janvier 1945, le Schirmeckois remet la Torah à un aumônier de l’armée américaine qui s’avère être rabbin.
Des nouvelles en 2016
« Ce monsieur était très heureux, mais aussi très ému de rentrer dans les lieux. On discute, il m’apprend que son grand-père, aumônier, avait récupéré la Torah de Schirmeck durant la guerre. » Jacky Ruch raconte ici un échange téléphonique en 2016 avec un Israélien qui a pris contact avec lui. À cette époque, Ruch était adjoint au maire de Schirmeck. Pourtant, son interlocuteur ne répond plus lorsque le Schirmeckois demande s’il est possible de reprendre possession de la précieuse Torah ou de recevoir une photo du rouleau.
Heureusement, la même année, à l’occasion de la fête juive de Hanoucca qui se déroule en décembre, l’association des Amis de la synagogue de Schirmeck-La Broque distribue des affiches pour proposer une visite de l’édifice religieux. Un homme révèle alors être le petit-fils du Schirmeckois qui avait recueilli le rouleau sacré. L’organiste et instituteur, du nom d’Ernest Bohn, avait écrit un livre sur sa vie, conservé à la médiathèque schirmeckoise. Ce dernier, décédé depuis quelques années déjà, y relate notamment le sauvetage de l’Ancien Testament.
Entre Ruch et Rouche
Finalement, en 2018, le trésorier de l’association schirmeckoise, Jacques Bouhadana, se rend en Israël, et ce pour présenter la synagogue alsacienne et récolter des dons pour la réhabilitation de l’édifice. C’est alors qu’un homme, Jacques Assouline, gendre du rabbin Isaac Rouche qui avait emporté le précieux objet, lui annonce détenir le rouleau. Le nouveau propriétaire accepte finalement que la Torah de Schirmeck retrouve sa ville d’origine.
Symboliquement, le retour du 4 septembre passera par une chaîne humaine, auquel participera le maire actuel, Laurent Bertrand, de l’entrée de la Synagogue au cœur du bâtiment, où se trouve le bimah, estrade où l’on installe le texte sacré des juifs.
Inscrite monument historique depuis 1999, la synagogue de Schirmeck se situe non loin des camps de concentration de Natzwiller-Struthof, le seul installé dans la France d’aujourd’hui. En 2007, l’extérieur de l’édifice est rénové à l’initiative de la commune devenue propriétaire.
En 2016, un appel aux dons est lancé et l’association des Amis de la synagogue de Schirmeck est créée. 17.538 € ont été notamment récoltés à travers le site de la fondation du Patrimoine. En 2022, la réhabilitation est achevée.