INTERVIEW Le guitariste israélien Kfir Ochaion revient sur son parcours musical et la technique qui ont fait son succès sur Internet.
Dans la cave du Klub à Paris (1er arrondissement) le 11 juillet, l’excitation est palpable. Tout le monde attend l’arrivée du guitariste israélien Kfir Ochaion. Étienne ne tient pas en place. Le jeune lycéen n’aurait manqué la venue du musicien pour rien au monde. « C’est super rare qu’il passe en France, quand j’ai vu les places sur Internet, je n’ai pas hésité ! » confie-t-il à 20 Minutes. Comme tous les spectateurs venus ce soir-là, Etienne à découvert Kfir sur les réseaux.
Avec 1.79 million d’abonnés sur YouTube et 637.000 abonnés sur Instagram, l’instrumentiste de 42 ans est devenu une référence de la guitare sur Internet. Toujours accompagné de son instrument à six cordes, il reprend les plus grandes chansons de la pop d’hier ou d’aujourd’hui et du rock, en y apportant sa touche personnelle. Pas de chant sur ses covers, les cordes de sa guitare remplacent les cordes vocales des chanteurs.
Comment êtes-vous arrivé à développer cette manière de jouer ?
Je voulais faire quelque chose de différent quand j’ai commencé à poster sur YouTube. Quand j’ai publié ma première cover en 2014, c’était un essai. Je voulais parler avant tout aux mélomanes et pas seulement aux guitaristes. Je me suis donc dit que j’allais jouer des chansons dans lesquelles il n’y a pas de guitare. Par exemple, dans les chansons de Sia, de Christina Aguilera ou d’Alan Walker, il n’y a pas [ou très peu] de guitare. J’ai donc fait de la guitare la chanteuse.
Remplacer les cordes vocales par les cordes de guitare cela représente une difficulté supplémentaire sur scène ?
Pas une difficulté supplémentaire mais quand je fais ces shows en solo, c’est un vrai défi. Je joue à la fois la ligne vocale et la guitare lead. C’est comme si je faisais un long solo pendant l’entièreté de la chanson. Il faut que je me souvienne de tellement de phrases [ndlr : lignes mélodiques jouées sur l’instrument] qu’il faut que je sois vraiment concentré.
La guitare ayant une place prépondérante dans votre musique, pensez-vous que celle-ci ne s’adresse qu’aux guitaristes ?
Il est vrai que parfois quand je joue, je vois que le public est composé exclusivement de guitaristes. C’est comme s’ils venaient prendre un cours. Ils viennent pour la technique et sont très concentrés sur la façon dont je joue plus que sur ce que je joue. C’est gratifiant, c’est certain. Mais au Klub le public était incroyable, tout le monde s’amusait vraiment, chantait les refrains des chansons. Quand vous voyez le public apprécier la musique, c’est un vrai plaisir !
Si la prestation live était en grande majorité composée de reprises, vous avez tenu à jouer deux compositions, à l’avenir vous souhaitez jouer de plus en plus ?
J’aime bien sûr jouer des covers, mais j’aime beaucoup composer et présenter des chansons originales. J’ai sorti douze albums qui ne sont que des covers et j’ai maintenant envie de sortir un album complètement original. Mais il faut que je trouve le bon moment pour le faire. C’est complexe de composer un album entier, mais c’est excitant.
Dans le public, il y avait un enfant de huit ans qui débute à la guitare et qui vous a découvert en essayant d’apprendre l’instrument, vous avez également commencé la guitare quand vous étiez enfant ?
Je ne suis pas d’une famille de musiciens mais j’ai toujours écouté de la musique. J’ai grandi en écoutant des classiques du rock et du blues comme Hotel California, I put a spell on you. Ces chansons m’ont très vite donné envie d’apprendre à gratter. Je crois que j’avais 6 ans quand mes parents m’ont acheté ma première guitare. C’était une guitare classique avec des cordes en nylon et j’ai passé énormément de temps dessus à apprendre à jouer avec des livres puis au conservatoire. Après j’ai découvert Metallica, le solo de Master of Puppets et j’ai décidé de me mettre à la guitare électrique. Ma toute première guitare électrique était une marque coréenne ou japonaise je crois. C’était il y a trente ans, je ne me souviens pas trop de tous les détails (rires). C’était une « Westone Spectrum Fx », j’ai joué dessus pendant longtemps et j’apprenais les solos de Comfortably Numb et d’Hotel California à l’oreille. On n’avait pas Internet à l’époque.
Et aujourd’hui, si vous aviez un conseil à donner à quelqu’un qui veut commencer la guitare, lequel serait-ce ?
Si tu veux commencer, lance-toi. Prends une guitare, essaie et vois si ça te correspond. Il faut que ça te plaise et tu pourras jouer. Par contre, si tu veux devenir un bon joueur de guitare, il faut s’entraîner. Comme pour tous les instruments, ça demande beaucoup de temps et d’effort pour bien jouer. Il n’y a pas de raccourci. Mais il faut avant tout que ce soit un plaisir.
Pour finir, avez-vous une recommandation d’un guitariste à suivre absolument ?
Alors, qui est-ce que je suis sur Instagram ? Il y a énormément d’excellents guitaristes sur les réseaux sociaux, c’est bien la preuve que la guitare attire toujours. (Rires). Si je devais en choisir un, je vous dirais d’aller suivre un ami, David Levi (@davidleviguitar sur Instagram). Il n’est pas professionnel mais il est très talentueux, peut-être le meilleur guitariste de mon entourage.