À la suite d’un signalement de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), le réseau social Twitter a fait disparaître mercredi 20 juillet des messages du compte francophone de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique iranienne, considérant qu’ils relevaient de l’incitation à la haine raciale.
« C’est la preuve qu’« il n’existe pas d’immunité sur les plateformes de réseaux sociaux y compris pour les chefs d’États, quand il s’agit de haine raciale », a salué dans un communiqué de presse Simone Rodan-Benzaquen, directrice de la branche européenne de l’American Jewish Committee (AJC). Cette association mondiale de défense des Juifs s’est félicitée du blocage par Twitter de plusieurs messages postés le 8 juin par le compte francophone de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique depuis 1989 et plus haut dignitaire de la République d’Iran.
Cette décision démontre que l’antisémitisme peut être compris même quand il cherche à se cacher en utilisant le mot « sioniste » et que d’autre part, il ne peut y avoir d’immunité sur les réseaux sociaux, y compris pour les chefs d’Etats, quand il s’agit d’incitation à la haine
— Simone Rodan-Benzaquen (@srodan) July 20, 2022
Il y qualifiait le « sionisme » de « fléau certain » pour l’islam et le monde, et propageait une association classique de l’antisémitisme entre Juifs et capitalistes. « L’ayatollah Khamenei a (…) sciemment utilisé le mot “sioniste” pour viser les Juifs, terme devenu pour certains le paravent utile pour mieux exprimer leur antisémitisme », juge l’AJC Paris. Un avis manifestement partagé par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), qui a signalé ces « tweets à caractère antisémite, sous couvert d’antisionisme ».
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Après signalement par la #DILCRAH, appuyée par la société civile, des tweets antisémites du compte francophone de l’Ayatollah Khamenei prenant pour cible ceux qu’il nomme « les sionistes » pour ne pas dire « les juifs », @TwitterFrance a réagi en supprimant ces derniers.— DILCRAH (@DILCRAH) July 20, 2022
L’incitation à la haine publique, par exemple sur un réseau social, est un délit passible d’un an de prison et 45 000 € d’amende. L’hébergeur d’un site sur lequel a été signalé un contenu qui s’avère illégal est tenu par la loi de le supprimer. Les tweets incriminés restent cependant visibles sur le compte anglophone du haut responsable chiite.
Bravo à la @DILCRAH pour avoir fait supprimer des tweets antisémites de l’Ayatollah Khamenei.
D’où qu’il vienne, surtout de la part d’un chef d’Etat, et même lorsqu’il se cache derrière le mot « sioniste », l’antisémitisme n’a pas sa place ni sur les réseaux sociaux et ailleurs. https://t.co/RQ4sqW8P9Q— UEJF (@uejf) July 20, 2022
Ennemi déclaré d’Israël, qu’il a qualifié en mai 2021 de « base terroriste » à combattre, l’ayatollah Khamenei a déjà été accusé à de multiples reprises d’avoir tenu des propos antisémites. En 2014, il avait mis en doute dans un tweet la véracité de l’Holocauste, écrivant qu’il s’agissait d’un « événement dont la réalité est incertaine ». »,