La ville de Troyes verra, ce dimanche, la première «journée du judaïsme français» sous l’égide de Rachi, grand maître de cette religion qui œuvra dans la cité médiévale il y a un millénaire.
Le Judaïsme français organise pour la première fois une «journée» nationale, le 10 juillet, à Troyes. Le choix de la ville est lié à la figure majeure de cette religion. En 1040, la cité médiévale vit naître Rachi qui deviendra l’un des maîtres incontestés du judaïsme mondial. Ses commentaires de la Bible et du Talmud font d’ailleurs toujours autorité. À Troyes, la communauté juive a restauré «la Maison Rachi» devenue un lieu de culture, un musée, une sorte d’épicentre symbolique du judaïsme français et au-delà. Le sage Rachi – acronyme hébraïque de son nom, Rabbi Chlomo Yitzhaki – est mort le 13 juillet 1105. Ce qui explique le choix de la date du dimanche 10 juillet pour lancer cette première.
Au menu de cette «journée du judaïsme français», intitulée «Yom Rachi» – yom signifiant «jour» – des conférences-débats, une librairie éphémère, des expositions artistiques, un moment officiel, des concerts, de l’humour avec un spectacle en avant-première de Michel Boujenah. 1000 personnes étaient attendues, 1400 se sont inscrites. Elles se retrouveront le temps d’un jour au «Cube» qui accueille cette manifestation au cœur du parc des expositions de la ville de Troyes.
L’initiative revient à Elie Korchia. Il y a huit mois, cet avocat bien connu a été élu à la présidence du Consistoire Central, l’organisme officiel de représentation de cette religion en France. Il explique l’enjeu de la rencontre : «La vocation de cette journée, que j’ai imaginée avec la Maison Rachi de Troyes, est de montrer la vitalité du judaïsme français. Mes premiers mois de présidence au Consistoire de France ont été marqués par l’actualité difficile dont les crimes antisémites et les attentats, la mémoire de la Shoah et les menaces à la liberté de pratique religieuse. Mais j’ai trouvé important de créer un grand événement novateur, positif et rassembleur ! Yom Rachi était né !»
Dans sa fonction, le président du Consistoire, institution créée par Napoléon, n’est pas chargé du culte en tant que tel, ce qui revient à Haïm Korsia, Grand rabbin de France, mais il doit veiller aux conditions d’exercice du culte et à la défense de la liberté religieuse. Sur ce plan il explique ne pas vouloir «se positionner» dans le contexte politique récent du pays mais redit sa «totale vigilance» sur le dossier de la «liberté de la pratique religieuse» en particulier.
«C’est de mille ans qu’il faut parler !»
Ce qui ouvre au second enjeu de cette rencontre : «Cette journée entend rappeler à nos contemporains que la présence de la communauté juive dans notre pays est plus que millénaire comme le démontre la figure tutélaire de Rachi, le plus grand commentateur au monde de la Torah et du Talmud. Il incarne la permanence de la pensée juive et de l’enseignement de la Torah sur plus de 10 siècles et atteste de l’ancrage des Juifs en France. On pense souvent que la présence juive en France remonterait à la révolution française et à la création du Consistoire par Napoléon. Mais c’est de mille ans qu’il faut parler !»
Toutes les institutions juives seront donc présentes ainsi que de nombreuses personnalités civiles et religieuses pour cette «première journée du judaïsme français» qui devrait en voir d’autres. Quant à Élisabeth Borne, premier ministre, elle tenait beaucoup à être présente selon les organisateurs mais elle est empêchée par un déplacement dans le sud de la France. Elle sera donc représentée par Sarah El Haïry, secrétaire d’État à la jeunesse. En France, la communauté juive représente environ 500.000 personnes.